Face au résultat du Brexit, le peuple britannique a besoin d’un Europe socialiste

Les Posadistes saluent la ténacité de Corbyn et de son équipe contre l’offensive du gouvernement conservateur et des députés travaillistes de droite pour qu’il abandonne son poste de dirigeant du Parti Travailliste. Les détracteurs de Corbyn sont bien maris, car s’ils forcent une nouvelle élection contre lui, non seulement il va gagner à nouveau, mais avec plus de voix.

Voici les résultats du referendum qui donnait l’option au Royaume-Uni de sortir de l’Union Européenne (Brexit) ou d’y rester (Remain) : 52% Brexit, 48% Remain et 29% abstentions. Corbyn a fait campagne pour Remain, bien que sa consigne entière envers l’Union Européenne était : « Remain and Reform ». Les chiffres ont montré qu’entre 6 et 6,5 millions de Travaillistes ont voté Remain, ce qui représente une assez grande proportion du total Remain de 16 millions. Il n’y a donc aucune raison de blâmer Corbyn, comme le font les médias depuis quelques jours, pour n’avoir pas travaillé assez fort en faveur de Remain dans la classe ouvrière.

Une large couche de gens de gauche à l’extérieur de la mouvance travailliste a aussi voté Remain. Ce sont des intellectuels, libéraux et Verts, ainsi qu’une petite bourgeoisie progressiste, des journalistes, artistes et employés. Beaucoup d’abstentions viennent aussi de personnes qui ont refusé de choisir entre le poêlon brûlant de l’Union Européenne et l’incendie du Brexit.

Un vote Brexit plutôt élevé dans les zones ouvrières

Partant de la considération que l’option Brexit était un pari absurde et dangereux – dans lequel pas même ses chefs croyaient[1] – il faut examiner les raisons pour lesquelles des ouvriers ont voté Brexit. Premièrement, ce qui était « un referendum sur l’Europe » est finalement devenu « un referendum sur l’immigration ». La campagne Brexit de certains syndicats et de tous les partis communistes a laissé les secteurs ouvriers les plus marginalisés aux mains du Brexit de UKIP[2]. Puis il faut réaliser la profondeur de la colère de la classe ouvrière, après 7 ans de coupes dans le salaire social imposées par les gouvernements conservateurs, eux-mêmes au service du capital global, et par conséquent européen ;  tout ceci arrivant à la classe ouvrière dans des conditions plus que frustrantes, où les municipalités travaillistes elles-mêmes gèrent les coupes sombres dans les budgets locaux, emplois, logements, services, et tous les moyens de vivre.

La classe capitaliste surpasse ses divisions en attaquant l’ouvrier

C’est entièrement à l’initiative de UKIP et des secteurs droitiers du Parti Conservateur que ce referendum a été organisé. A présent qu’ils ont obtenu la chute de Cameron et le résultat Brexit qu’ils souhaitaient, il ne leur reste qu’à réaménager la hiérarchie des ministres déjà en place. Rien n’a changé à la politique pro-business antérieure et ses attaques contre la classe ouvrière, si ce n’est qu’elle empire. L’annonce que vient de faire Osborne[3] de réduire à 15% l’impôt sur les grandes entreprises[4], satisfait tous les Tories. Cette réduction va bien sûr être financée par les ouvriers et employés.

La classe bourgeoise est amenée à penser qu’elle ne se tire pas mal de l’affaire Brexit. Le referendum a coupé le pays en deux, et un pays divisé est plus facile à gérer. Les enseignants et les jeunes médecins renforcent leurs luttes et se coordonnent entre eux mieux qu’avant, stimulés par la montée de la militance ouvrière. Un vent socialiste se lève dans le Parti Travailliste. A tout ceci la classe bourgeoise répond par le « divide and rule », car elle n’a que la répression à offrir à ceux qui luttent pour le progrès. Voilà comment la classe dirigeante surmonte ses divisions.

Le capitalisme ne peut pas satisfaire le besoin humain

La montée de la formation politique UKIP montre bien l’opposition du capitalisme et son incapacité à se mettre au service de l’humain. Alors que les multinationales écrasent ce qui reste des bourgeoisies nationales, ces dernières génèrent des mouvements violents, chauvinistes, xénophobes et pleins de rancœur. De nouveaux et dangereux concepts apparaissent, comme « l’Anglais de souche » et « le besoin de reprendre son pays » apparemment tombé en mains étrangères. Seul le pouvoir ouvrier peut mettre de l’ordre dans tout ceci.

Attaqué de tous côtés par la classe bourgeoise et par la droite du Parti Travailliste, la campagne de Corbyn en faveur du « Remain and Reform » a eu du mal à atteindre le public. Il disait pourtant très fort que chaque pays  de l’Union Européenne est responsable de son quota de refugiés. Il défendait le droit de chaque refugié et de chaque rescapé « de partir pour améliorer son sort » et il promettait « de faire passer les lois de lutte contre l’austérité et de les étendre a l’échelle européenne ».

Manif 16 avril Londres  Manifestation à Londres le 16 avril 2016

La direction Corbyn cherche à surpasser le capitalisme

L’apparition de cet homme bon et immensément populaire montre que la classe ouvrière et ses alliés cherchent le changement social et s’opposent à l’austérité, la pénurie et les privatisations imposées systématiquement aux plus pauvres.

Les Tories (Conservateurs) surmontent leurs divisions en pénalisant les ouvriers étrangers et ceux de l’Union Européenne[5] ; le fait que le Brexit redivise l’Irlande ne les inquiète pas outre mesure. Pour ce qui est des divisions dans le Parti Travailliste, au contraire de ceci, il s’agit bien de divisions de classe. L’économie de l’Europe a besoin d’être planifiée, mais le capitalisme s’y oppose. La concurrence capitaliste doit donc être surpassée et vaincue pour que le Royaume-Uni et l’Union Européenne puissent se mettre au service du besoin humain.

La rébellion contre l’austérité dans tous les secteurs de l’économie du Royaume-Uni incite le Parti Travailliste à entrer en lutte. Ceci donne confiance à la direction Corbyn et à ses appuis (dans et hors du Parti Travailliste), et alarme profondément les secteurs qui ne veulent qu’une amélioration du capitalisme.

La plupart des 172 députés travaillistes qui ont voulu chasser Corbyn de la direction du Parti ont rejoint la campagne médiatique selon laquelle Corbyn n’a pas assez lutté pour Remain contre Brexit dans la classe ouvrière. En somme, la classe bourgeoise lui reproche d’avoir utilisé le referendum pour éloigner le train travailliste « Remain and Reform » des respectables rails de l’Europe capitaliste. Pas mal joué, pour un incapable !

Les divisions entre les Tories ne sont que des contradictions, alors que les divisions dans le Labour deviennent des antagonismes. Le sérieux de Corbyn envers sa consigne « Remain and Reform » est indéniable. Ceci n’est pas toute la route au socialisme mais c’est un pas dans cette direction. Au Royaume-Uni le peuple a besoin d’une Europe Socialiste.

Posadiststoday.com – le 8 juillet 2016

 

Notes :

[1] Boris Johnson, Farage, Duncan Smith, qui disparurent le jour de l’annonce des résultats. Bourgeoisie Brexiste.

[2] United Kingdom Independence Party (Farage), droite et extrême droite. Follement Brexistes.

[3] Ministre de Cameron, toujours en fonction, et qui ne se prive pas de continuer a gouverner.

[4] Corporation Tax

[5] Travaillant au Royaume Uni.