La décisive intervention militaire et politique de la Russie dans la guerre contre le terrorisme en Syrie

La rencontre du Président Bachar Al Assad avec le président de Russie Vladimir Poutine marque un pas très important pour contrer les actions militaires du camp de l’OTAN, des bandes islamo-fascistes et des régimes réactionnaires du Moyen Orient. Que l’on soit ou non « en faveur d’Assad », ou « en faveur de Poutine », dans les mouvements de gauche du monde on ne peut manquer de reconnaître que l’action actuelle de la Russie en Syrie et dans la guerre permanente du Moyen Orient est le facteur qui permet et permettra de frapper réellement l’expansion de l’Etat Islamique et ses consorts en Irak, en Syrie, dans tout le proche et Moyen Orient et en Afrique du Nord.
Cette guerre au Moyen Orient connaît une escalade vers la guerre généralisée et c’est une lutte mondiale « camp contre camp » qui s’accélère. La base fondamentale de cet aiguisement est que le régime capitaliste dans son ensemble, le système capitaliste, non seulement est en crise économique, financière, sociale très profonde, mais qu’il a conscience de perdre la domination du monde. Il voit s’effondrer ce monde « unipolaire, » c’est-à-dire dirigé par les grandes puissances impérialistes qu’il avait obtenu avec le démembrement de l’Union Soviétique, la désintégration des Etats ouvriers d’Europe de l’est et la dissolution du Pacte de Varsovie. La « fin de l’histoire » était en fait une régression importante, mais pas la fin des luttes des masses du monde, des avancées révolutionnaires sociales, économiques et politiques, en particulier en Amérique Latine. Le système capitaliste a été incapable d’incorporer ces populations dans une perspective de progrès au moyen du régime capitaliste. Toute avancée progressiste se révèle antagonique à la propriété privée, à la concentration capitaliste mondiale, à la concurrence effrénée et à la course implacable pour le profit.
Le Moyen et Proche Orient, l’Afrique du Nord, ont été ces dernières années le théâtre le plus tragique des affrontements pour imposer le soi-disant modèle démocratique du capitalisme occidental. Les printemps arabes sont devenus des hivers terribles et meurtriers, le champ de luttes féroces pour maintenir le contrôle et les profits des richesses minérales de ces pays entre les mains des puissances impérialistes : l’Irak a subi plus de vingt années de guerre menées par les USA et la Grande-Bretagne, soutenues par l’OTAN, la Libye a été détruite par les bombardements otaniens, Israël a enfermé toute la population palestinienne dans un immense camp de concentration, l’Afghanistan est occupée depuis quinze ans par les forces militaires de l’OTAN qui, loin de se retirer, négocie à présent le retour au pouvoir des terroristes Talibans.
Quand la Russie mène une intervention globale « contre les terroristes », elle a pleinement raison de qualifier de ce terme toutes les bandes armées qui se répandent en Syrie et en Irak : en effet, d’où viendraient « les groupes rebelles modérés » présentés par la Coalition occidentale ? Ces terroristes de Al Qaida ou Al Nosra seraient devenus plus modérés que ceux de l’Etat Islamique ? Il faut y ajouter les mercenaires de Tchétchénie, de Géorgie. Les uns comme les autres ont été propulsés, financés, armés, guidés cybernétiquement, conseillés ou directement fabriqués par les services spéciaux de l’OTAN et de ses partenaires tels que Israël, l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats Arabes Unis.
La création de tous ces groupes – et leur multiplication si rapide – qu’il faut qualifier de fascistes, même s’ils agitent un drapeau « islamique », est une façon de compenser l’incapacité des grandes puissances occidentales à lancer massivement les soldats de leur pays respectif pour servir de chair à canon. Les gens sont contre la guerre ! La guerre du Vietnam et celle d’Irak ont déjà témoigné de la résistance et des nombreuses désertions des soldats américains.
Au cours de la récente guerre d’Afghanistan, l’OTAN a voulu suppléer le manque d’infanterie prête au sacrifice en créant de toutes pièces, avec des milliards de dollars, une armée « afghane » de 300.000 soldats. On voit le résultat : dès l’instant où la manne des dollars et l’encadrement des instructeurs militaires étrangers diminuent, ces soldats désertent en masse.
C’est pourquoi l’OTAN se concentre sur la création d’une armée de « rambos », appelée « force de réaction très rapide », munie d’un armement très sophistiqué, sur le développement et la « modernisation » des avions de combat, des bombes et missiles atomiques, sur la multiplication des drones et sur les armées de mercenaires du type Daech et autres.
A la fin de 2014, une nouvelle coalition militaire, formée par l’OTAN et ses partenaires des pays les plus réactionnaires du Moyen Orient, s’est constituée sous le titre « coalition des volontaires pour lutter contre l’E.I. en Irak et en Syrie ». Quel en fut le résultat ? L’E.I. a fait des avancées territoriales énormes, bien que la Coalition ait annoncé avoir effectué des dizaines de milliers de bombardements aériens. On doit donc se demander ce qu’ils ont bombardé réellement ?
En fait, le double jeu de la Coalition otanienne consiste à « lutter contre l’Etat Islamique » ET à liquider Bachar El Assad et rendre la Syrie invivable ! La coalition a bombardé sans relâche les zones où l’armée syrienne loyale au gouvernement luttait et résistait. L’Observatoire syrien installé à Londres, peu suspect de sympathies pro-Assad cite le chiffre de 90.000 morts parmi les soldats syriens, (c.à.d. près de la moitié des morts comptabilisés). En réalité, la Coalition a protégé l’avance de l’Etat Islamique et son expansion de l’Irak à la Syrie et au nord de l’Afrique.

Poutine et Bachar El Assad
En Syrie, l’objectif de la Coalition et de ses mercenaires de l’E.I. est de liquider l’alliance de la Russie avec l’Etat syrien, qui existait déjà du temps de l’Union Soviétique, avec les bases militaires de Lattaquié et Tartouz. C’est le même objectif que l’OTAN poursuit en Ukraine : reculer les frontières de l’OTAN, encercler la Russie, la chasser de la Méditerranée, couper toute possibilité d’alliances de pays indépendants du Moyen Orient avec la Russie pour échapper à la domination occidentale.
La décision actuelle de la Russie de couper la route à l’OTAN et à ses partenaires de la Coalition, provient du plus profond du peuple, qui n’est pas seulement « russe » mais également très « soviétique ». Le secteur de la direction actuelle de la Russie qui exprime le plus ce sentiment soviétique du peuple, c’est l’armée. Les alertes lancées par les militaires russes ont eu un écho dans la direction politique, auprès du secteur dirigé par Poutine. Ils ont préparé conjointement cette offensive militaire et politique qui va permettre rapidement de se débarrasser du barbare Etat Islamique et obliger la Coalition otanienne à négocier avec le gouvernement de Bachar Al Assad.
Il faut rendre hommage avant tout aux masses syriennes qui dans leur majorité n’ont pas fui leur pays, qui ne se sont pas rendues à l’E.I. ni aux forces de la Coalition otanienne et qui résistent toujours pour défendre leur pays. Pendant ces quatre dernières années, l’armée gouvernementale syrienne s’est battue courageusement pour défendre l’Etat syrien et le gouvernement de Bachar Al Assad. Si ce dernier était le « tyran sanguinaire », « le dictateur féroce » dont nos medias ne cessent de nous bourrer les oreilles, le peuple syrien aurait profité de ces conditions de guerre pour se débarrasser de lui. Il faut se poser cette question : pourquoi l’opposition dite modérée n’a-t-elle pas été capable de renverser ce gouvernement malgré l’aide énorme qu’elle a reçue de l’Union européenne et de l’OTAN ? C’est que la Syrie sous la présidence de Bachar Al Assad, tout comme la Libye sous le régime de Kadhafi, était parmi les pays les plus avancés de la région, quant à son organisation économique, sociale, quant à la redistribution des richesses, la récupération des richesses nationales des griffes des multinationales et des puissances impérialistes. Après quatre années de bombardements de la coalition internationale téléguidée par l’OTAN, après la création de cette armée de mercenaires qui forme l’Etat Islamique, ils ne sont pas parvenus à liquider l’Etat syrien, ni le gouvernement de Bachar Al Assad.
Un Front anti-impérialiste international est en train de se former au cours de cette guerre en Syrie. La décision de la Russie d’intervenir militairement de façon décisive pour en finir avec l’E.I. et tous les autres groupes mercenaires, de même que la fermeté politique de la présidence de Poutine pour forcer à des négociations incluant la gouvernement de Bachar Al Assad, sont une contribution importante pour renforcer ce Front Anti-impérialiste. Celui-ci s’exprime dans l’immédiat par cette intervention commune de la Russie, la Chine, le soutien exprimé par les pays d’Amérique Latine constituant l’ALBA et l’Unasur, le gouvernement irakien, la participation directe de mouvements militaro-politiques de la région, comme le Hezbollah libanais, les Gardiens de la Révolution iraniens, certains mouvements kurdes irakiens et syriens. En Europe et aux Etats-Unis, les mouvements s’opposant à la guerre en Syrie et à toute participation des gouvernements à la Coalition otanienne prennent de l’ampleur.
23.10.2015