Rejeter le projet « Nouvelle politique de défense » au Brésil

Le projet du gouvernement Bolsonaro d’une « Nouvelle Politique de Défense », qui inclut textuellement « la possibilité d’une guerre contre les pays voisins », n’a d’autre raison d’être que d’obéir à Trump – ou son successeur, et attaquer le Venezuela. La présence des Etats-Unis dans les institutions brésiliennes se fait chaque fois plus puissante et ouverte.

Tout comme Trump, Bolsonaro représente et renforce une politique génocidaire envers les Brésiliens. Le Brésil compte déjà plus de 80.000 morts et 2 millions de personnes contaminées par le covid19. Il n’y a aucune politique gouvernementale pour combattre la crise sanitaire, aucun ministre qui cherche des solutions adéquates et qui s’inspire des expériences qui ont donné des résultats dans le monde, comme celle de Cuba, de la Chine, la Nouvelle-Zélande. Dans les conditions actuelles, il  est impossible à un expert ayant un minimum de conscience et de dignité d’assumer un ministère . En effet, la première obligation d’un tel ministre sera de se compromettre avec la politique négationniste, anti-scientifique, contraire à toutes les orientations de l’OMS, à toutes les recommandations des infectiologues et autres experts reconnus dans le domaine de la pandémie. Un tel ministre aurait pour mission de distribuer de l’hydroxychloridine comme un remède miracle pour toute la population. Bolsonaro a déclaré que c’est ce médicament qui sauvera les patients infectés, ce médicament qui l’a lui-même guéri. Une telle insistance pour défendre ce remède ne fait qu’ augmenter les soupçons quant aux intérêts communs de Bolsonaro et de l’industrie pharmaceutique et des Forces Armées.

Bolsonaro trompe la population avec ses mensonges. Il se fait passer pour une victime et profite de l’absence de mobilisation populaire suffisante pour continuer à diviser la société et susciter la haine. Son cabinet suit les instructions d’agents étasuniens pour accroître ce climat de haine. Il mène des opérations systématiques d’agressions et de mensonges contre la gauche et l’opposition en général, il met sur pied des manifestations de rues où les gens demandent « le retour de la dictature », il provoque la Cour Suprême et le Parlement et il fait arrêter les députés et les juges qui ne sont pas dans la même ligne que lui.

Mais cela provoque aussi une crise interne dans les secteurs qui appuient le clan Bolsonaro. Un « front pour la démocratie» impulsé par le PSDB s’est constitué, menant une opération contre ce qu’ils appellent « le Cabinet de la haine ». Même un des Ministres suprêmes a décidé d’ouvrir une enquête pour contrôler les finances de ce Cabinet.

Certains juges, au sein de la Justice, essaient  d’investiguer sur la diffusion des « fake news » qui ont permis la victoire électorale de Bolsonaro aux élections contre Fernando Haddad (candidat de la gauche). Leurs investigations montrent que sous le gouvernement Bolsonaro, la violence policière contre les noirs et les pauvres a augmenté de façon dramatique, et aussi que le nombre de victimes de la pandémie est le plus important dans les quartiers des périphéries des villes et dans les bidonvilles.

Le PT et la gauche en général avaient déjà dénoncé que la victoire électorale de Bolsonaro avait été possible grâce à l’appui massif des agents de la CIA et du Département d’Etat des Etats-Unis. Comme dans le reste de l’Amérique Latine, ces agents font tout pour consolider une droite locale qui leur soit subordonnée et qui se charge de garantir leurs intérêts dans la région.

Les Forces armées brésiliennes courent un risque en s’embarquant dans cette attaque aventurière du Venezuela. Elles vont devoir affronter une population vénézuélienne très bien préparée pour une contre-attaque, une armée bolivarienne loyale à son gouvernement et bien armée pour la lutte, une alliance civico-militaire solide qui compte sur l’appui militaire et stratégique de la Russie, la Chine et l’Iran.

Cependant, l’impérialisme US mène cette politique prédatrice contre les gouvernements latino-américains qui ne s’alignent pas derrière leurs projets criminels de destruction du monde, en profitant de la pandémie qui inhibe les grandes mobilisations ; il profite aussi de la paralysie totale de l’OEA, des coups d’état en Bolivie, en Equateur, des gouvernements de Colombie, Chili et Pérou qui sont ses alliés.

L’opposition parlementaire au Brésil et tous les partis de gauche et progressistes doivent s’unir pour rejeter ce projet de « la nouvelle politique de défense » qui sera présenté prochainement au parlement et au conseil de défense et qui envisage la possibilité d’une guerre avec les pays voisins. Il faut débattre largement dans toute la société brésilienne, la nécessité de récupérer ses droits et sa dignité.

Les gens souffrent déjà suffisamment des conséquences de la pandémie alors que le gouvernement mène une politique « génocidaire » contre eux. La perspective d’une guerre contre les pays voisins ne fera qu’aggraver le génocide et la pandémie politique actuelle. Au lieu de se battre avec les voisins, il faut chercher les mesures permettant un large développement économique et social, renforcer les propositions qui tendent vers une plus grande intégration, telles que celles du « Grupo de Puebla », mener des politiques publiques, une coopération économique régionale, lutter contre toute mesure de privatisation de Petrobras*, organiser la solidarité avec les travailleurs de l’industrie pétrolière, refuser l’occupation de l’Amazonie, voter contre toute mesure réduisant les droits sociaux des travailleurs, décider de mesures urgentes d’investissements de l’Etat pour affronter la crise sanitaire, s’occuper des populations délaissées. Telles sont les bases d’une véritable démocratie, d’un véritable Front de Gauche entre toutes les forces progressistes.

Posadistas Hoje Brésil – 20 juillet 2020

*Petrobras : Entreprise d’Etat brésilienne dont le siège est à Rio de Janeiro, ayant pour objectifs la recherche, l’extraction, le raffinage, le transport et la vente de pétrole. C’est la première grande entreprise du pays.

Photo : la victoire des salariés de Renault Curitiba au Brésil qui après 20 jours de grève ont obtenu la réintégration de 747 ouvriers qui devaient être licenciés.