Réunions travaillistes de masses pour discuter et appliquer le manifeste de Corbyn

Le 8 Juin 2017 au Royaume-Uni, le gouvernement impopulaire de Theresa May appelait à des élections législatives anticipées pour essayer d’accroître sa représentation dont la majorité était faible aux Communes. Contrairement aux espérances de la classe capitaliste et des prévisions médiatiques, le gouvernement de Theresa May (c’est-à-dire celui du Parti Conservateur) a non seulement perdu sa faible majorité dans ces élections, mais le Parti Travailliste a accru sa puissance parlementaire et surtout sociale. Jeremy Corbyn, le dirigeant travailliste de gauche, est ressorti comme le grand gagnant de ces élections, bien que Theresa May les ait encore gagnées.

Ecartelé par ses divisions internes (entre Brexit et rester dans l’Union Européenne), le Parti Conservateur et Theresa May se sont vus dans l’obligation de créer une alliance avec les 10 Députés DUP (Démocratic Unionist Party) d’Irlande du Nord. Dans les années 1970, le DUP était impliqué dans des actes secrets de terrorisme contre l’IRA en alliance avec certains agents de l’impérialisme britannique. Aujourd’hui, et au moyen de sa participation dans le gouvernement régional d’Irlande du Nord (le Stormont), le DUP continue à imposer aux masses d’Irlande du Nord la ségrégation religieuse, l’interdiction de l’avortement et la présence de murs pour séparer les protestants des catholiques.

Il faut préciser que les élections dont nous parlons ici ne sont pas celles des régions. Dans ces élections du 8 Juin dernier, l’Ecosse, l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord ont choisi les députés qu’ils envoient au parlement du Royaume Uni à Westminster. Bien que le Sin Fein d’Irlande du Nord (qui a obtenu 7 sièges) refuse d’envoyer ses élus au Parlement central à Westminster, il fait partie du gouvernement régional en Irlande du Nord avec le DUP. L’équilibre entre ces deux partis est très délicat, comme on l’imagine, et il vient récemment de se rompre. Toujours en Irlande du Nord, beaucoup des petits partis plus petits ont perdu leur appui électoral.

En dépit de l’appui qu’il a trouvé dans les 10 députés DUP, le gouvernement de Theresa May s’est affaibli encore plus à cause du rejet quasi général des valeurs du DUP dans tout le pays (pas seulement en Irlande du Nord), et jusque dans des secteurs conservateurs et bourgeois qui veulent la paix en Irlande pour pouvoir faire plus librement la guerre dans le monde.

Il est généralement admis que le gouvernement de Theresa May va bientôt devoir appeler à de nouvelles élections, particulièrement pour trouver la force de faire accepter au Parti Conservateur et au pays les termes du divorce que représente le Brexit et qu’elle négocie avec le reste de l’Union Européenne.

Le Parti Travailliste a obtenu 30 sièges supplémentaires

Le Parti Conservateur a bien gagné ces élections avec 318 députés, mais le Parti Travailliste dirigé par Jeremy Corbyn a bien réussi en obtenant 262 sièges. Le Parti Travailliste a gagné 30 sièges supplémentaires au lieu d’échouer catastrophiquement comme le prévoyaient les médias. En Ecosse, le Parti Nationaliste (SNP) a perdu 21 sièges, n’en conservant que 35. Et les Libéraux Démocrates (LibDems), qui prônent toujours dur et fort le maintien dans l’Union Européenne en dépit de l’Article 50 déjà signé, n’y ont conservé que 4 sièges. En Ecosse et dans tout le pays ils ont presque entièrement disparu.

Nationalement, le Parti UKIP (United Kingdom Independence Party), mordu du Brexit, parti de droite et anti-immigrant, a lui aussi presque entièrement disparu ! Comme les Verts se sont désistés dans beaucoup de circonscriptions pour ne pas nuire au Parti Travailliste, l’élection est devenue une simple bataille de classe, conservateurs contre travaillistes, la classe possédante contre la classe dépossédée – cette dernière étant de plus en plus dépossédée.

Au Pays de Galles, le vote conservateur a décliné. Les conservateurs n’ont plus que 8 députés au lieu de 11. En Ecosse, ils sont passés de 1 député à 13, mais c’est grâce au recul des Nationalistes du SNP qui ont perdu 21 sièges, et n’en conservent que 35. Au Pays de Galles, le Parti Nationaliste Plaid Cymru n’a plus que 4 sièges, après en avoir perdu 1. Tout indique que le Parti Travailliste récupère des votes perdus en les reprenant aux nationalistes. Tout indique aussi qu’il regagne l’appui des forces ouvrières qu’il avait perdu au fil des « années Tony Blair » et postérieurement.

Depuis 2015, la droite du Parti Travailliste s’acharne a déloger Jeremy Corbyn de la direction du Parti. A chacune de ces attaques, l’appui des membres du Parti pour Jeremy Corbyn s’est accru et s’est organisé. Dans ces élections du 8 Juin où la presse annonçait la déconfiture de Corbyn, ce dernier a fait une excellente campagne qui a attiré des centaines de milliers de travailleurs dans les rassemblements et réunions publiques. Corbyn est allé a Martyr Tydfield au Pays de Galles où il a été acclamé par des milliers d’anciens mineurs. Puis il s’est adressé aux masses populaires, aux laissés-pour-compte et à la jeunesse. Remplie de haine de classe, la presse bourgeoise a fouillé tous les discours de Corbyn à la recherche de déclarations scandaleuses.

Theresa May est allée au Nord-Ouest de l’Angleterre – une de ses rares aventures dans la population – pour rencontrer « les ouvriers patriotes » et leur demander de voter pour le Parti Conservateur en défense de la patrie. C’est l’opposé qui s’est produit car même au Nord-Ouest où étaient anciennement concentrées les usines sidérurgiques, la population revient vers le Parti Travailliste. Le Manifeste électoral de Corbyn  et l’incendie de la Tour de Grenfell à Londres ont démontré au pays que « la défense de la patrie » passe par la défense des ouvriers, des populations les moins fortunées et du peuple.

Le Parti Travailliste remonte la pente dans tout le pays. Il redonne espoir et confiance aux jeunes frappés par le chômage et aux plus anciens qui voient la menace peser sur leurs pensions. L’autorité du Parti Travailliste grandit dans les grandes villes, particulièrement à Londres où 4 nouveaux sièges ont été gagnés. Dans la circonscription Camden de Londres, en 2015 la députée du Parti Travailliste avait à peine 1.000 voix de majorité, maintenant elle a gagné avec une majorité de plus de 15.000 voix.

Le Parti Travailliste ne peut plus marginaliser Momentum

Le Parti Travailliste gagne 30 sièges supplémentaires nationalement alors que la presse prévoyait qu’il allait en perdre 80 ! Au fil des préparatifs pré-électoraux, le Parti Travailliste s’est vu assisté par les larges forces de l’organisation travailliste de base Momentum. Cette organisation nationale compte 23.000 membres et plus de 150 groupes dans tout le pays. Momentum s’est constitué il y a 2 ans pour appuyer Jeremy Corbyn à la direction du Parti Travailliste contre la droite travailliste qui voulait l’en chasser. Momentum a lutté pour que Corbyn reste à la direction du Parti, et chaque fois que Corbyn était menacé, Momentum gagnait plus de membres. Finalement, Momentum est devenu une force organisée, nationale et capable d’utiliser les moyens modernes de communication pour présenter Corbyn au public (ce que la presse ne permettait pas) et le très bon Manifeste Travailliste de Jeremy Corbyn au pays.

Ce Manifeste propose trois nationalisations : les chemins de fer, le gaz et l’électricité, la Poste. Il promet de créer une banque nationale d’investissements, de combattre l’évasion fiscale et d’ouvrir certains livres de comptes des grandes entreprises. Il démontre que l’austérité n’est pas nécessaire, qu’elle tue les gens, et qu’il faut diriger les ressources du pays vers le bien-être humain. La campagne électorale et le succès du Manifeste de Jeremy Corbyn ont démontré que la population se mobilise contre la politique d’austérité et construit les moyens de se mobiliser en votant Corbyn.

Corbyn juin 2017

La mobilisation populaire enterre l’austérité

Depuis au moins 2015, et à nouveau dans ces élections, le Parti Travailliste s’est vu assisté par l’organisation Momentum sans l’avoir désiré ou recherché. Cependant, cet apport lui a été suprêmement bénéfique. Pendant des mois, la jeunesse s’inscrivait pour pouvoir voter. Juste avant la date limite en Mai 2017, 24.487 jeunes gens s’inscrivaient, les bureaux arrivant à peine à faire face.

En May 2015, le Parti Travailliste avait 190.000 membres. En Juillet 2016 – date de la seconde élection de Corbyn à la direction travailliste – il en avait 515.000. Le chiffre juste avant cette élection-ci se montait à 483.000.

Jeremy Corbyn a impressionné tout le pays avec son Manifeste en 10 points qui portent sur la nécessité de partager équitablement les ressources nationales. Bien avant l’arrivée de Theresa May au gouvernement, Cameron et Osborne parlaient déjà beaucoup moins de l’austérité. Ils prétendaient diminuer le déficit (grâce a l’austérité qu’ils défendaient encore) mais ils doublaient discrètement la dette publique qui s’approche à présent de deux mille milliards d’Euros, et qui continue de croître sous le gouvernement actuel.

Si Theresa May dit regretter que la longévité chez les pauvres soit de 9 ans inférieure à celle des plus riches, c’est surtout parce que la population n’accepte plus l’autorité du capitalisme – ou celle du travaillisme de droite – qui lui impose l’austérité. Ceci fut confirmé dans la campagne électorale par l’immense indignation et colère populaire suite à l’incendie qui a ravagé en un temps record les 21 étages de la tour d’habitation Grenfell à Kensington & Chelsea (Londres). La réaction immédiate des gens fut d’accuser les promoteurs privés qui se moquent des règles de sécurité coûteuses dans l’immobilier. Les accusations concernaient aussi les coupes sombres faites par les gouvernements dans tous les budgets sociaux comme la police, les pompiers, les inspections. Il est bien clair que ceux qui pâtissent en premier lieu de l’austérité sont les plus pauvres. A la suite de cet incendie, les masses se sont tournées encore plus résolument vers Corbyn dont le programme liquide l’austérité avec de forts emprunts pour créer du travail et le bien-être social.

Le grand plan néolibéral échoue. C’est un plan criminel par lequel le capitalisme entendait survivre au prix de la planète, de l’environnement, de l’homme et de la vie elle-même. Les guerres féroces auxquelles l’impérialisme britannique participe créent des dizaines de millions de refugiés dont il faudrait, selon lui, ne pas se soucier. Les masses britanniques s’indignent de ceci et l’expriment dans leur soutien a Corbyn qui s’oppose au principe régnant de « la guerre d’abord et la discussion ensuite ». Dans la campagne électorale, les masses ont exprimé leur soif d’une société juste, équitable et organisée pour le bien de tous. C’est pourquoi « Pour tous et non pour quelques-uns » a été le mot d’ordre du Manifeste électoral de Corbyn. Dans cette élection, le vote Corbyn a été un vote en défense de l’égalité et de la vie humaine. Le flux de voix pour Corbyn est le plus grand depuis 1945 – à part deux fois sous le gouvernement de Tony Blair – et il n’est pas terminé. La jeunesse est motivée et attirée par cet homme honnête qui veut le progrès pour tous.

L’époque de la grande abstention travailliste se termine. Les sièges travaillistes gagnés en Ecosse et au Pays de Galles proviennent en partie de l’affaiblissement des courants nationalistes, mais il proviennent aussi de secteurs travaillistes qui ne veulent plus s’abstenir comme ils le faisaient dans les derniers temps de Blair où en effet dans ces années-là le travaillisme était proche du conservatisme.

En pleine campagne électorale la dirigeante travailliste de toute l’Ecosse, Zezia Dugdale, recommandait au public de « voter conservateur pour vaincre le SNP » ! Même si ce conseil n’a pas été très suivi, il a représenté un coup contre Corbyn et un essai de le faire échouer depuis l’intérieur du parti. Les masses ont répudié cette attaque contre Corbyn de la part de la droite du parti en lui permettant de gagner des postes supplémentaires en Ecosse. La même chose s’est produite nationalement. C’est ainsi que la mobilisation populaire dans tout le pays transforme le Parti. Elle écarte les secteurs réactionnaires et de droite. Elle permet la montée des forces fraîches, ouvrières et petites bourgeoises, qui veulent mettre l’économie au service du bien commun et pas seulement au service de quelques-uns.

Les masses savent que les guerres à l’étranger entraînent le terrorisme interne

Le Royaume-Uni est en guerre directe dans 7 pays. Il participe à la plus grande violence militaire en Irak, pour maintenir ce pays divisé et soumis. L’impérialisme américain et britannique sont impliqués militairement dans le monde entier à des coûts inimaginables pour les populations. Au travers de l’Arabie Saoudite et d’Israël, ils entendent préserver la domination du capitalisme mondial sur l’Afrique et les parties clefs du Moyen Orient en contrôlant le Golfe d’Aden et le Golfe d’Oman. Avec l’aide de l’OTAN et de tous les pays capitalistes, ils encerclent militairement la Russie et la Chine. Ils cachent avec soin le montant de leurs coûts militaires qui ne figurent jamais dans les budgets qu’ils publient. C’est pourtant bien cette somme colossale qui les oblige à appliquer des politiques d’austérité. Le vote pour Corbyn a été un vote contre l’austérité causée par la préparation de la guerre. Le vote Corbyn est une prise de position contre la guerre totale que le capitalisme prépare. Le vote Corbyn est un vote contre la perpétuelle guerre de conquête. C’est un vote pour la préservation de la vie humaine.

Les attentats terroristes à Manchester et au London Bridge ont donné à, Corbyn les éléments pour qu’il fasse le lien entre les guerres étrangères – comme en Libye – et le terrorisme montant dans tous les pays capitalistes. Les attentats contre-révolutionnaires contre le gouvernement Maduro au Venezuela font partie de la guerre du capitalisme mondial pour essayer d’exterminer toute trace d’Etat ouvrier ou d’Etat révolutionnaire. La guerre contre Jeremy Corbyn à l’intérieur de son propre mouvement fait partie de la guerre contre-révolutionnaire du capitalisme contre le socialisme.

Les masses se sentent attaquées et elle se mobilisent. Elles ont frémi de colère et d’indignation lorsque les conservateurs au parlement ont essayé d’arracher à Corbyn la promesse qu’il est capable « d’appuyer sur le bouton ». Theresa May a fait la promesse, mais pas Corbyn. Les masses ont voté Corbyn parce qu’il refuse de défendre le capitalisme avec l’arme nucléaire. Elles ont voté Corbyn parce qu’il a eu le courage de dénoncer le lien entre les guerres de conquêtes à l’étranger et la croissance du terrorisme dans le pays. Le peuple admire Corbyn qui a eu le courage de dire ouvertement au capitalisme cette vérité soigneusement cachée.

La très grande mobilisation de la classe ouvrière

En avril 2017, The Guardian prévoyait que le vote serait entre les partisans du Brexit et ceux qui y étaient opposés. Il prévoyait que le travaillisme allait perdre dans les régions ouvrières, qui étaient supposées avoir appuyé le Brexit. Mais sur les 19 circonscriptions des régions ouvrières des Midlands, 17 ont donné une majorité au Parti Travailliste.

Dans les grands centres ouvriers des Midlands, l’UKIP n’a même pas présenté de candidats. A Leeds North West, le nouveau député travailliste, Alex Sobel, a gagné confortablement contre les LibDems Remainers (très braqués contre le Brexit). Sobel vient d’une famille de dockers qui appuient Corbyn. Il a dit : « Nous avons besoin d’un nouveau modèle économique… nous avons besoin d’une banque d’investissement nationale et régionale… nous avons besoin d’acquérir plus de pouvoir dans le secteur financier, pour éviter un nouveau crash ».

A Liverpool Walton, les LibDems n’ont eu que 600 voix, tandis que le nouveau député travailliste Dan Carden, en obtenait 36.000 contre 4.000 pour les conservateurs. Il propose un programme pour les ouvriers agricoles et les fermiers de sa région, il cherche à les défendre contre les assauts des multinationales. Il appuie le Manifeste de Corbyn, en ajoutant : « Nous avons besoin d’un pouvoir financier pour pouvoir arrêter l’évasion des capitaux ».

Alex Sobel et Dan Carden ont fait campagne pour le Manifeste de Corbyn et y ont ajouté leurs propres idées. Ils ont certifié que l’immigration n’a pas été un sujet mentionné par les électeurs. Ils ont reconnu que les réseaux sociaux – utilisés à fond par Momentum – ont transformé la campagne du Parti Travailliste. En outre, Corbyn a parlé à des milliers de gens au Brudenell Social Club à Leeds. Il a parlé au Wirral Beach à des foules énormes, et Carden et d’autres ont recruté 1000 personnes à Walton après cette réunion et 10.000 nouveaux membres travaillistes dans toute la région.

C’est la classe ouvrière et les masses qui ont créé Jeremy Corbyn et non l’inverse. Cela terrifie le capitalisme. Ce dernier réalise qu’il est en train d’échouer commercialement, militairement, financièrement, et qu’il est aussi en train d’être vaincu par ce Corbyn abhorré. Les masses travaillistes sont déjà en train de réclamer des comptes aux députés travaillistes qui n’ont gagné que grâce à l’autorité de Corbyn alors qu’ils prétendent avoir gagné grâce à leur propre sagacité indépendante.

Les masses travaillistes avec l’aide de Momentum, des syndicats, des étudiants et de la jeunesse, ont voté Corbyn malgré l’opposition de la droite du Parti Travailliste. Des résolutions sortent de nombreuses assemblées de la base travailliste en vue de faire discuter la question du contrôle sur les députés. Un des dirigeants de la droite travailliste, Tom Watson, a déclaré que le droit de révocation d’un mandat de député est « un mécanisme intolérable ».  Lors de la conférence du Parti Travailliste de 2016, Tom Watson avait déclaré que « l’OTAN est une organisation socialiste ».  Mais les masses travaillistes sont éduquées politiquement, elles ont du discernement, et elles savent bien ce qu’est l’OTAN.

Impliquer le Parti Travailliste dans la population

L’appareil du Parti Travailliste est intervenu prudemment dans la campagne électorale, pour éviter la victoire complète de Jeremy Corbyn. Même s’il n’a pas gagné, il a prouvé qu’il aurait pu le faire, et qu’il va le faire la prochaine fois.

Gagner les élections ne suffit pas. Il faut par exemple que les opinions de Dan Carden et Alex Sobel soient discutées dans le Parti Travailliste. Ces nouveaux députés ne sont pas des carriéristes. Ils ont fait campagne en soutenant le Manifeste de Corbyn, ils l’ont discuté avec la population. Il y a un très grand besoin d’appeler à des réunions publiques, où il faut faire participer la classe ouvrière, les syndicats, les couches populaires qui ne peuvent plus vivre décemment et qui meurent aussi à cause de la politique d’austérité des gouvernements capitalistes.

Le Manifeste déclare son intention de reconnaître l’Etat Palestinien. Cette préoccupation va requérir l’intelligence de tout le Parti, de tout Momentum et celle de toutes les nouvelles recrues. Le fonctionnement actuel du Parti Travailliste ne permet pas de débattre au niveau qui serait nécessaire.  Des nouvelles formes doivent émerger et l’une d’elles pourrait être de faire des réunions communes entre Parti Travailliste et syndicats.

Chris Williamson, qui avait été écarté par la droite travailliste lors de la Conférence de 2016, vient de gagner les élections à Derby North (Midlands). Dans son premier discours, il a remercié Momentum et rappelé les paroles de Aneurin Bevan (grand dirigeant travailliste à la sortie de la Guerre en 1945) à propos de la Chambre des Communes : « C’est un moyen d’intimider et de soumettre tout politicien d’origine modeste ». Il a ajouté qu’en 2015, il avait perdu son siège à 41 voix près contre les conservateurs alors qu’il gagne avec une majorité de 2.015  voix. On peut donc en déduire que si l’appareil travailliste n’avait pas écarté de la campagne ses membres les plus déterminés et militants – comme ceux de Momentum -,  le Parti Travailliste aurait pu gagner dans un grand nombre d’endroits où les conservateurs restent en place parce que personne ne les chasse. A Derby North par exemple, où Chris Williamson a gagné, l’appareil local du Parti ne s’était pas servi des volontaires venus d’autres régions pour l’aider à gagner. C’est Momentum qui l’a fait, dans une ambiance de suspicion et de ressentiment de la part du Parti Travailliste. Des faits semblables se sont reproduits dans tout le pays.

Dans ces élections, les masses ont démontré qu’elles sont capables de gagner des élections sans se compromettre avec la classe bourgeoise, contrairement à ce que faisait Tony Blair pour lequel votait une bonne partie de la classe bourgeoise.

Posadists Today – 26 juin 2017