VIIe Sommet des Amériques : Renforcement de l’union des peuples et des gouvernements souverains d’Amérique Latine et des Caraïbes

On a pu constater clairement les 10 et 11 avril 2015 au Panama que nous vivons une ère nouvelle. Dans  « les veines ouvertes de l’Amérique Latine », pour reprendre les paroles de l’immortel Eduardo Galeano, le sang des extorsions et des pillages a coulé pendant des siècles, et aujourd’hui c’est au contraire le sang de la conscience, de la décision irréversible d’une Amérique Latine et des Caraïbes, unie, libre, souveraine et anti-impérialiste.

Cette réunion du sommet des Amériques est historique. Les Etats-Unis, qui ont exclu pendant 53 ans Cuba la révolutionnaire des bancs de l’OEA (Organisation des Etats Américains), ont subi une importante défaite politique en devant accepter la participation du président Raul Castro et renouer des relations avec Cuba. Le Président cubain a rappelé dans son discours l’expérience historique de la révolution cubaine et dénoncé clairement que c’est pour ce « débité » que les Etats-Unis ont fait l’embargo, que le peuple cubain cherche la paix sans renoncer à ses idéaux socialistes. Il a réaffirmé son appui solidaire au Venezuela et à tous les gouvernements souverains et constitutionnels, comme l’Argentine (face aux menaces britanniques sur les Malouines), le Brésil (face à la campagne putschiste contre le gouvernement de Dilma Rousseff). Plusieurs intervenants ont mis en évidence que la reconnaissance de Cuba n’est pas une « faveur » que font les Etats-Unis, ni le produit d’un accord entre gouvernements, mais une conquête du peuple cubain, qui a défendu sa dignité, qui a résisté et défendu la révolution, malgré les pénuries imposées par le blocus et les menaces permanentes d’agression. C’est le résultat de l’émergence d’une nouvelle Amérique, déterminée à ne plus être l’arrière-cour des Etats-Unis.

Le processus qui a conduit jusqu’à ce VIIe sommet des Amériques a connu un progrès décisif en 2005, quand l’union des présidents Nestor Kirchner (Argentine), Hugo Chavez (Venezuela) et Lula (Brésil) ont démonté l’ALCA (zone de libre-échange des Amériques censée regrouper 34 pays sauf Cuba) et W. Bush et commencé an 2010 la construction d’organismes tels que ALBA (Alliance Bolivarienne pour les peuples de notre Amérique), UNASUR (Union des Nations Sud-américaines) et CELAC (Communauté des Etats Latino-américains et Caribéens) qui se sont dégagés de l’hégémonie des Etats-Unis.

Les prémices de cette intégration de gouvernements latino-américains et caribéens se trouvent dans les rébellions contre le néo-libéralisme, dans la venue au pouvoir de gouvernements progressistes, la constitution d’Etats révolutionnaires qui ont élaboré des projets économiques et sociaux audacieux, éliminé la faim, la misère et l’analphabétisme, élevé le niveau de vie des populations, la santé, l’éducation, les conditions de logement. Ces gouvernements ont affronté le FMI et la Banque Mondiale, créé l’alternative de la Banque du Sud, établi des accords de coopération économique transcontinentaux, avec la Chine, la Russie, l’Iran.

Nicolas Maduro
Nicolas Maduro pendant le VIIe Sommet des Amériques

C’est tout cela qui conduit les Etats-Unis, première puissance militaire mondiale, à décréter que le Venezuela est une menace. Mais c’est toute l’Amérique Latine unie qui est une menace pour l’hégémonie des Etats-Unis.  Et le Venezuela, depuis 1998 et la présidence de Hugo Chavez et aujourd’hui celle de Nicolas Maduro, est devenu un centre de résistance, une espérance, un exemple de dignité et d’organisation civico-militaire, de démocratie participative et de transformations sociales, un centre d’articulation entre les nouveaux gouvernements de gauche et progressistes.

33 pays sur les 35 participants au Sommet des Amériques ont dit un NON catégorique à cette tentative d’ingérence des Etats-Unis dans les affaires d’un pays du Sud. Ils ont réclamé la fin du blocus économique contre Cuba et déclaré que le décret des Etats-Unis contre le Venezuela est une violation de la propre charte de l’OEA. Cependant, aucune déclaration officielle commune n’est sortie du Sommet, du fait de l’opposition de 2 pays : Etats-Unis et Canada.

Le président équatorien Rafael Correa a appelé au renforcement de la CELAC, comme expression véritable des pays et des peuples latino-américains et des Caraïbes et à conserver l’OEA uniquement comme lieu de négociations entre la CELAC et le bloc des Etats-Unis.

Il y a encore un chemin à parcourir entre les déclarations et votes au Sommet et l’application dans la réalité. Le président Barack Obama a reculé sur ses condamnations antérieures du Venezuela, mais il s’est limité à des rencontres bilatérales avec Raul Castro, Nicolas Maduro, Dilma Rousseff et d’autres et ne s’est pas prononcé en séance plénière du Sommet. On peut dire que ce nouveau front latino-américain n’a pas fait de goal, mais se trouve à l’offensive. Obama s’est seulement engagé à proposer au Congrès américain de retirer Cuba de la liste des pays terroristes. Mais de là à se lancer contre les « faucons » et faire révoquer le décret contre le Venezuela… Le président Maduro a très clairement fait comprendre que Obama doit révoquer ce décret et reconnaître que la révolution bolivarienne est un fait irrévocable.

Parallèlement au Sommet des chefs d’Etats, se tenait le Sommet des Peuples, réunissant 3.500 délégués des mouvements sociaux, estudiantins de toute l’Amérique Latine et des Caraïbes, dont une forte délégation cubaine qui accompagnait Raul Castro pour témoigner des conquêtes de la révolution et de la solidarité internationale de Cuba. Une interaction importante s’est installée entre les gouvernements de gauche et les mouvements sociaux, Evo Morales a participé au début du Sommet des Peuples, Rafael Correa et Nicolas Maduro à la clôture. Ils ont appelé à ne pas baisser la garde. Les expériences civico-militaires du Venezuela, les résolutions du Conseil de Défense militaire d’Amérique Latine, l’union des forces armées des pays de l’UNASUR contre une possible attaque de la IVe Flotte américaine resteront à l’ordre du jour.

Extrait du Blog du Journal Revoluçao Socialista (Brésil)

16 avril 2015

 

En cliquant sur le lien Revoluçao Socialista (3e colonne de notre blog) on trouve les vidéos avec les discours de Raul Castro (Cuba), Nicolas Maduro (Venezuela), Cristina Fernandez Kirchner (Argentine), Rafael Correa (Equateur), Evo Morales (Bolivie), Dilma Rousseff (Brésil), Daniel Ortega (Nicaragua)