La rupture du cessez-le-feu en Syrie résulte de la provocation des forces militaires US qui ont délibérément attaqué le 18 septembre dernier un régiment de l’armée syrienne, causant la mort de 87 soldats dans une zone contrôlée par le gouvernement. Ce n’est certes pas la première rupture de cessez-le-feu, mais cette fois-ci elle signifie une escalade très sérieuse dans la guerre en Syrie.
La réponse du gouvernement russe est très claire : le ministère de la Défense russe, par la voix de son porte-parole, le général Igor Konashenkov, rappelle que la Russie a installé des missiles sol-air qui défendront les bases de Lattaquié et de Tartouz où sont installées des forces russes alliées de la Syrie. Et que toute attaque aérienne contre l’armée syrienne dans ces zones rencontrera la riposte immédiate des missiles et sera considérée comme un acte de guerre de la part de la coalition internationale.
Une soi-disant lutte contre le terrorisme
Depuis 15 ans, une « coalition internationale » (soit les forces armées US et celles de plusieurs autres pays membres ou partenaires de l’OTAN) s’est installée en Afghanistan. Elle s’est justifiée au nom de la lutte contre le terrorisme (dans ce cas Al Qaida et les Talibans).
Depuis 2003, une « coalition internationale » du même acabit mène la guerre et la désolation en Irak sous le même label. Après 13 ans, les « groupes terroristes » sont toujours là. Ils ont seulement changé d’étiquette. Maintenant, c’est Daesh à qui la Coalition internationale a permis de prendre possession de larges parts du territoire irakien. La ville de Mossoul est toujours en sa possession.
Depuis 2011, après l’assassinat de Kadhafi et la destruction de l’Etat libyen, les coalitions otaniennes reviennent à la charge toujours pour soi-disant « lutter contre le terrorisme » et « découvrent » que Daesh a pris possession de toute une partie des villes côtières de la Libye.
En Syrie, il n’y a pas plus de « rebelles modérés » que dans les autres pays du sud de la Méditerranée. C’est aussi à partir de 2011 que la Coalition internationale a cru pouvoir saisir l’occasion des mouvements de protestation contre le gouvernement de Bachar Al Assad pour intervenir et y susciter un « printemps arabe » d’abord et ensuite soutenir, armer et financer copieusement les groupes d’opposition les plus réactionnaires qui visaient le renversement violent du gouvernement. Ceux-ci se sont alliés à Al Qaida, devenue Al-Nosra, devenue à son tour EI (ou Daesh). Depuis 5 ans, le groupe terroriste EI a été gavé de moyens militaires et financiers énormes par l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie, les Etats-Unis, la France et d’autres pays de l’Otan, dont la Belgique, ce qui lui a permis de prendre possession d’importants territoires de la Syrie, des villes, dont celle d’Alep.
Sauver Alep : oui, mais de qui ?
La Syrie a un gouvernement légal, sinon légitime, celui de Bachar Al Assad. Ce n’est pas « un régime », c’est un pays où les populations ont conquis leur indépendance vis-à-vis de la puissance colonialiste française et qui construisent un Etat depuis 1946. Le Baas syrien qui le dirige avait adopté un programme contenant des mesures socialistes, et faisait partie des mouvements nationalistes révolutionnaires arabes. L’Etat syrien était un Etat laïc, fier de sa souveraineté nationale, dans lequel coexistaient de multiples communautés ethniques et religieuses, avec un niveau de vie des plus élevés de la région, un niveau d’enseignement et de santé publique important. Il a fait partie du Mouvement des Pays Non Alignés, s’était développé comme d’autres Etats révolutionnaires de la région, lié à l’Union Soviétique, entre autres par les accords militaires et la base navale de Lattaquié (depuis 1971).
Alep est appelée la capitale économique de la Syrie. C’est la ville la plus importante après Damas. Depuis 3 ans, les terroristes de Daesh se sont emparés d’une partie d’Alep – Alep Est – et imposent un pouvoir fasciste religieux très violent sur les 300.000 habitants qui n’ont pas pu fuir. Mais Alep Ouest n’a pas été occupée, cette partie de la ville reste sous le contrôle du gouvernement, des forces armées et de la police de l’Etat. 2,5 millions d’habitants y vivent encore.
Depuis 3 ans, ce sont les terroristes de Daesh qui assiègent et attaquent Alep Ouest, détruisant des habitations, écoles, hôpitaux, lieux publics, usines d’électricité, d’eau, de production alimentaire : les medias occidentaux n’en ont rien dit, la Coalition otanienne a laissé faire (voir la note sur la situation d’Alep Ouest ci-dessous).
Mais depuis septembre 2016, le rapport des forces a profondément changé. La Russie intervient aux côtés de l’armée gouvernementale syrienne et mène une offensive, une réelle « lutte contre le terrorisme » en Syrie et en particulier à Alep. Daesh, ainsi que les autres groupes terroristes et la Coalition reculent. Depuis lors, il serait devenu urgentissime de « sauver Alep » ?
Les medias abondent d’ informations d’une très douteuse précision pour démontrer que les forces militaires russes et syriennes commettraient « des crimes de guerre ». Les Etats-Unis, la France et le secrétaire général de l’ONU font le forcing pour que le Conseil de Sécurité vote une condamnation de la Russie pour « crimes contre l’humanité ». L’Union Européenne envisage de nouvelles sanctions économiques contre la Russie pour la punir.
Les Posadistes – 18.10.2016
NOTE : Alep, côté Ouest
Alep ville martyre. Notre ville fait la Une des journaux télévisés et de la presse écrite depuis 2 semaines. Les habitants d’Alep se passeraient de cette renommée d’autant plus que leurs souffrances ne datent pas d’hier. Bien qu’elle ait débuté en mars 2011 en Syrie, la guerre n’a vraiment atteint la ville d’Alep qu’en juillet 2012 quand les « rebelles » armés ont occupé quelques quartiers à l’Est de la ville provoquant un déplacement de 500.000 personnes qui ne voulaient pas vivre sous le contrôle des islamistes. Depuis, la ville est divisée en deux parties : la partie Est qui représente 25% de la superficie et qui ne compte plus aujourd’hui que 200.000 habitants – les autres habitants se sont réfugiés [à l’arrivée des groupes armés, ndlr] dans la partie Ouest d’Alep sous la protection de l’Etat syrien, ce qui représente 75% de la superficie et compte un million et demi de personnes.
Depuis 2012, les rebelles islamistes lancent quotidiennement des obus de mortiers et des bonbonnes de gaz remplies de clous et d’explosif sur les quartiers d’Alep causant des décès et des blessés graves. De plus, ils ont coupé l’approvisionnement en eau de la ville depuis 2 ans (les autorités ont dû forer 300 puits en pleine ville pour remplacer l’eau courante) et ont aussi arrêté l’alimentation de la ville en électricité. Ils ont à plusieurs reprises imposé le blocus d’Alep-Ouest avec l’arrêt du ravitaillement de la ville en produits alimentaires, essence, fioul etc., provoquant des pénuries très graves.