La « Guerre des 6 Jours » entre Israël et une coalition d’Etats arabes, dont principalement l’Egypte et la Syrie, s’est produite il y a juste 50 ans. En 1967, Israël et les principaux Etats occidentaux considéraient cette guerre éclair comme une victoire « historique » contre le « monde arabe » et surtout contre le nationalisme révolutionnaire arabe. Aujourd’hui toutefois, le cinquantenaire de cette « victoire » s’est célébré, même en Israël, dans la plus grande discrétion.
Nous rééditons sur notre site deux articles de J. Posadas datés du 5 et 11 juin 1967. Il y estimait que, si cette guerre était une courte victoire militaire d’Israël et de ses alliés, elle était une défaite historique de l’impérialisme et d’Israël, son agent au Moyen Orient, par rapport à son but d’envahir tout le Moyen Orient et d’écraser les mouvements nationalistes révolutionnaires arabes, principalement ceux d’Egypte et de Syrie.
Posadas mettait en évidence la profonde assurance révolutionnaire des masses arabes et le fait que ces mobilisations n’étaient pas principalement d’ordre religieux islamique, mais animées de leur volonté de transformer la société dans une perspective socialiste. De là, la proposition programmatique du Front Unique anti-impérialiste des masses juives et arabes et de la fédération de républiques socialistes soviétiques du Moyen Orient, ainsi que du droit à l’autodétermination de la population juive d’Israël.
Posadas accordait une attention particulière au processus révolutionnaire nationaliste en Syrie à cette époque : l’organisation des milices ouvrières, le programme socialiste du Baath syrien, les mesures audacieuses d’expropriation des multinationales pétrolières, la nationalisation de secteurs-clés de l’économie du pays, la planification de l’économie pour répondre aux besoins essentiels de la population, la laïcité de l’Etat, mesures qui donnaient à la Syrie une structure proche d’un Etat ouvrier, ainsi que les liens étroits créés avec l’Union Soviétique, qui ont conduit à l’installation d’une importante base militaire soviétique à Lattaquié et Tartouz.
Depuis 1967, le mouvement révolutionnaire s’est heurté à d’énormes difficultés, dont l’essentielle fut certainement la dissolution de l’Union Soviétique en 1991 qui a signifié un affaiblissement des points d’appui du nationalisme révolutionnaire au Moyen Orient et en Afrique du Nord, un changement du rapport des forces mondiales en défaveur de la révolution et surtout, une relative perte de confiance de la part de nombreuses directions et mouvements nationalistes révolutionnaires dans les possibilités de poursuivre les transformations économiques et sociales dans une perspective socialiste.
L’évolution des guerres actuelles contre la Syrie, l’Irak, la Libye, l’Iran, la Palestine, montre bien qu’en 1967, l’impérialisme occidental et Israël comme son instrument militaire au Moyen Orient n’avaient obtenu aucune victoire historique, et que les Etats révolutionnaires et les peuples de toute la région n’ont pas été écrasés. En Syrie, l’alliance du gouvernement Bachar El Assad avec le Hezbollah libanais, les Gardiens de la révolution iraniens, et surtout avec la Russie et son Armée Rouge, a permis de récupérer la souveraineté de l’Etat sur de grandes parties du territoire syrien et de mettre en échec Israël, ainsi que l’Etat Islamique, derrière lesquels se trouve la coalition otanienne.
le 30 juin 2017