Le Parti Conservateur de David Cameron a gagné de peu une majorité parlementaire, avec seulement 24% des voix de la population ayant le droit de vote. Les conservateurs se sont mobilisés pour soutenir Cameron, aucun ne s’est abstenu. Ce sont donc les voix de la base travailliste qui constituent principalement les 34% d’abstentions, montrant que la classe ouvrière et ses alliés se préparent à intervenir directement. Cameron a perdu son associé au gouvernement, le Parti Libéral Démocrate (LibDem) de Nick Clegg, qui n’a pas pu renouveler son poste de député et qui sort quasiment détruit de ces élections. La fébrilité de la vie des partis politiques est due actuellement au fait qu’ils sont incapables de manoeuvrer parmi les classes sociales, ce qu’arrivait à faire le LibDem. Les Travaillistes perdent 26 sièges au plan national et presque tout leur appui électoral en Ecosse[1]. Malgré cela il est important de noter que les voix travaillistes se sont un peu élevées dans le pays, passant de 29% en 2010 à 30,7%, alors que la direction de Ed Miliband a fait campagne pour continuer les restrictions budgétaires et « payer la dette ». Miliband se sent rejeté, c’est pour cela qu’il abandonne son poste de dirigeant travailliste. La crise du capitalisme affaiblit le Parti Conservateur Sans perdre une minute Cameron s’est de nouveau attaqué aux droits démocratiques, non comme quelqu’un qui a gagné mais comme celui qui a peur de l’opinion des gens. Il a couru ensuite à Bruxelles pour obtenir des concessions favorables à un vote pour le « oui » lors du referendum national qui aura lieu en 2017[2] au Royaume-Uni. Le développement en peu d’années du Parti Conservateur UKIP (United Kingdom Independance Party) divise le conservatisme et pèse en faveur du « non » dans ce referendum, sur la base d’un sentiment de repli national, tout comme d’autres partis séparatistes comme le SNP (Scottish National Party – Parti National Ecossais), celui du Pays de Galles, d’Irlande ou d’Angleterre. Tout ceci montre une situation de peur et de fébrilité au sein du capitalisme, d’autant plus que le SNP pose d’éliminer l’arme nucléaire Trident sur la Clyde en Ecosse. La réaction immédiate de l’Union Européenne à ces positions vient de la pression des multinationales et de l’OTAN qui ne peuvent pas permettre le désarmement nucléaire de l’impérialisme mondial en Ecosse. Malgré ses intentions de répression policière Cameron n’a aucune solution pour répondre à ses problèmes. Le Parti Travailliste est responsable de la perte de ses voix UKIP n’a pu obtenir qu’un siège électoral malgré les 4 millions de voix qu’il a eues, alors que le SNP a gagné 56 sièges[3] avec 1,4 million de voix ! Les conservateurs ont gagné le gouvernement mais 75% de la population ayant le droit de vote se sont exprimés en faveur d’autres partis ou n’ont pas voté du tout. Les gens se moquent de ce système de représentation politique. La direction travailliste l’accepte sans poser de questions mais les gens sont en train de se préparer aux luttes. Il est certain que le Parti Travailliste a obtenu 2 millions de voix, moins que celles obtenues par les conservateurs. La base syndicale et militante qui se bat contre les restrictions s’est abstenue massivement. Par contre les conservateurs ont récupéré les voix de LibDem et une partie de celles de l’UKIP. Les 34% de gens qui se sont abstenus ne peuvent que faire partie des exploités. Il existe déjà des Assemblées Populaires capables de donner une expression sociale aux masses. Le processus vers un type de soviets avance plus rapidement que la gauche travailliste ! La gauche travailliste accuse le SNP de lui avoir volé ses voix ! Mais le SNP a proposé une réforme agraire pour l’Ecosse, ce que le Parti Travailliste aurait pu poser pour tout le pays[4]. Et jamais le Parti Travailliste ne s’est opposé au Trident. C’est pour ces raisons que le SNP a reçu un tel appui et non simplement pour leur séparatisme. Ceci montre que de tels points du programme peuvent gagner des voix, et ceci malgré les fraudes qui peuvent exister. Le secteur travailliste qui a voté dans le pays de façon très partielle pour l’UKIP, et beaucoup plus largement en Ecosse pour le SNP, veut un programme et non la fragmentation du pays. C’est ce qu’il faut discuter au sein du Parti Travailliste, et poser dans les secteurs de gauche un meilleur fonctionnement du parti autour d’un programme de résistance aux restrictions budgétaires, ce que la population cherche à développer. De notre correspondant à Londres le 22 mai 2015 Notes : [1] En 2010 les Travaillistes élus en Ecosse n’avaient à Westminster que 41 représentants parlementaires. Le total possible était de 59 postes. Aujourd’hui avec ces élections de 2015, ils ne possèdent plus qu’un poste. [2] Cameron appelle à un referendum en 2017 sur le thème « Nous voulons rester dans l’Union Européenne, oui ou non ? [3] En 2015 le SNP (Scottish National Party) envoie 56 députés à Westminster sur un total possible de 59. Les 3 restants sont un siège pour le Parti Conservateur, un pour le LibDem et un pour le Parti Travailliste. [4] Au Royaume-Uni 0,6% des gens a 70% de la terre, ce qui signifie que 432 individus détiennent 50% de la terre.