La crise dans l’armée et le rôle des militaires nationalistes

A propos de l’intervention militaire dans les favelas de Rio de Janeiro, il faut souligner que celle-ci a un caractère politique, dangereux et inacceptable, surtout quand on sait que l’origine de la violence et des trafics de drogues se trouve dans la détérioration extrême de la vie et des droits économiques et sociaux du peuple. Cette détérioration s’est encore aggravée sous le gouvernement putschiste de Temer. Il faut y ajouter le manque total d’investissements dans la sécurité, à cause de la concurrence entre les secteurs concernés : soit militaires, soit policiers, soit politiques. On sait aussi que le grand cartel de la drogue se trouve se trouve sous les ordres du gang de la droite politique au sein du parlement et du pouvoir exécutif.

Le pays vit les moments les plus critiques de son histoire récente. Il suffit de citer la crise économique, les privatisations, les coupes dans les budgets sociaux, la violence, la dette publique, les coups portés par la droite contre l’ex-présidente Dilma Rousseff, l’actuelle criminalisation de Lula da Silva, pour se rendre compte que nous allons vers la destruction totale de notre souveraineté nationale. Ce décret permettant l’intervention militaire dans les favelas de Rio de Janeiro confirme la faillite des institutions et met en danger la dernière institution pour laquelle la population avait encore du respect – les Forces Armées -, en lançant celles-ci dans une fonction sociale de répression.

La fonction des Forces armées est la défense de la nation, des frontières, de l’intégrité du pays et de la souveraineté nationale. Si cette intervention à Rio de Janeiro prend un caractère violent, elle sera condamnée par la population et elle provoquera des ruptures internes entre les secteurs militaires nationalistes démocratiques et les secteurs militaires de la droite qui, sous prétexte de lutte contre la drogue, organisent la répression des réactions populaires contre le gouvernement Temer. Le but de ces derniers est en fait d’empêcher les prochaines élections présidentielles d’octobre et de saboter le processus démocratique de notre pays.

Certains groupes de la droite sont en train de réclamer ouvertement une intervention militaire, du même type que le coup d’état militaire de 1964, afin de contrer la candidature de Lula à la Présidence. Le secteur financier de la bourgeoisie locale et internationale qui a imposé Temer au pouvoir est incapable aujourd’hui de trouver un candidat capable de faire face à la popularité énorme de Lula. Les sondages donnent déjà à Lula 40% des intentions de vote du peuple. Les dénigrements odieux à l’encontre du gouvernement progressiste de Lula n’ont plus aucun effet. Les gens savent que Lula a été fidèle à ses engagements et que son gouvernement a permis de faire sortir 40 millions de Brésiliens de la misère, d’offrir au moins trois repas par jour aux gens et de créer des emplois et des possibilités d’études universitaires.

Les militaires nationalistes brésiliens et les grandes mobilisations populaires

Le discours du général Eduardo Villas Boas sur l’absence d’un projet national est très important et mérite notre appui. Comme il l’a souligné un tel projet a pu devenir réalité pendant les années de 1930 à 1950, c’est-à-dire pendant la période du gouvernement Vargas. Cette période était marquée par la protection et la nationalisation des richesses minérales, du pétrole, par la constitution des lois en faveur des travailleurs, le droit de vote des femmes, la création de Petrobras et de la Compagnie Sidérurgique Nationale. Il y avait un projet national qui a fait passer le Brésil d’un état agricole à industriel et qui a stimulé un puissant marché intérieur et des bénéfices substantiels pour la population.

Les militaires nationalistes partisans directs ou indirects de la pensée démocratique du Général Villas Boas, doivent se prononcer en défense du peuple et de la souveraineté nationale. Cela s’est produit dans d’autres pays, comme au Portugal avec les soldats de la Révolution des Œillets, ou au Venezuela, avec Hugo Chavez.

Ce courant militaire nationaliste ne sort pas de nulle part. Il est influencé par la grande mobilisation populaire, par l’organisation des syndicats décidés à occuper la rue et à crier : « Basta ! Ici, c’est nous qui faisons l’Histoire ! » C’est ce qu’ont crié des milliers et des milliers de gens pendant la grève générale du 19 février. Des écoles de carnavals, comme celle des « Tuiutis » y participaient en criant « si on touche a Lula, toute la favela va descendre de la colline ».

Il faut appeler d’urgence à l’unité civico-militaire, contre la domination impériale qui menace la nation brésilienne et tout le continent latino-américain. En plein carnaval, le premier ministre Temer s’est rendu à Roraima, à la frontière du Venezuela pour organiser son soutien à Trump et à ses menaces d’intervention militaire contre le gouvernement Maduro.

Il faut refuser toute intervention militaire de la droite, que ce soit à Rio de Janeiro ou n’importe où dans le pays, contre les mouvements sociaux et populaires qui luttent pour leurs droits élémentaires et pour un projet de nation. Les secteurs progressistes des Forces Armées doivent se manifester à coté de la société civile pour donner une direction au pays, défendre le patrimoine national, empêcher l’invasion étrangère. Les syndicats, les étudiants, les intellectuels les députés et sénateurs progressistes, les chômeurs, les vieux et les jeunes, les travailleurs agricoles, les petits et moyens entrepreneurs, les mouvements politiques, – MST, MAB, Frente Brasil Populaire, Frente Brasil Sem Medo, Reda da Legalidade et ses 700 radios et TV communautaires, doivent se mobiliser pour constituer une unité civico-militaire en défense de la souveraineté, du respect de la Constitution et des Droits Humains. Il faut refuser toute condamnation, emprisonnement de Lula et tout empêchement à sa candidature pour les élections présidentielles d’octobre 2018 !

Jornal Revoluçao Socialista, 20.2.2018

 

Photo : « Les Tuiutis soulèvent leurs chaînes et chantent comme le faisaient les esclaves contre l’injustice et l’oppression qui n’ont jamais pris fin » (Dilma Rousseff).

Les Tuiutis constituent l’école de carnaval des favelas de Rio de Janeiro et participent de la campagne pour Lula-Presidente.