Un Sommet des Peuples réussi a été organisé à l’occasion de la réunion CELAC – UE les 17 et 18 juillet à Bruxelles, auquel participait le Réseau européen de solidarité avec la révolution bolivarienne dont les Posadistes font partie. Voici la déclaration finale de ce sommet.
Les organisations et mouvements sociaux, politiques, syndicaux, féministes, environnementaux et populaires d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Europe, répondant à un appel pluraliste, représentatif, divers et inclusif des peuples, dans l’exercice de la Diplomatie des Peuples, réunis à Bruxelles les 17 et 18 juillet dans ce Sommet des Peuples, déclarent :
1) A l’heure où l’impérialisme développe une offensive visant à diviser le monde en blocs d’Etats séparés et confrontés les uns aux autres. L’impérialisme organise des provocations, des blocus, des pressions et des mesures coercitives unilatérales contre les Peuples qui ne se soumettent pas à l’impérialisme et ne servent pas ses intérêts, ce qui se traduit par des destructions et des morts dans de nombreuses régions de la Planète.
Ce Sommet des Peuples a compris que la rencontre entre la CELAC et l’UE était une opportunité de progresser dans la création d’un monde multipolaire, avec des relations multilatérales qui permettent à l’Humanité d’avancer dans la Paix en harmonie avec la Terre Mère. L’objectif est de progresser dans l’établissement de relations entre l’Europe, l’Amérique latine et les Caraïbes et de renforcer la coopération. Cette coopération doit être basée sur le respect mutuel et la réciprocité, avec les personnes au centre des politiques publiques, sans ingérence extérieure, en rejetant catégoriquement toute action politique ou militaire visant à interférer dans le développement politique, économique et social de la région, Nous rejetons catégoriquement toute action politique ou militaire visant à intervenir dans le développement normal des institutions et des normes constitutionnelles de l’un quelconque des États participant au sommet, et nous condamnons par conséquent les campagnes médiatiques visant à déstabiliser les gouvernements d’Amérique latine et des Caraïbes qui ont été démocratiquement élus par leur peuple.
Nous notons donc avec intérêt l’avancée des forces qui défendent un nouvel ordre international multipolaire et multicentrique, annonçant l’avènement progressif d’une architecture mondiale fondée sur la solidarité et la coopération entre nations souveraines. Nous considérons avec optimisme et sympathie la nouvelle vague progressiste qui se développe en Amérique latine et dans les Caraïbes. Nous saluons leur lutte héroïque pour la souveraineté, le bien-être social et la démocratie participative, qui vise à améliorer les conditions de vie et le bien-être des peuples, à promouvoir l’unité et l’intégration régionale dans la solidarité et à réactiver avec plus de vigueur la CELAC et l’UNASUR.
Nous apprécions également beaucoup le rôle pionnier de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), fondée par Fidel Castro et Hugo Chávez, et nous soutenons l’appel du Forum de Sao Paulo qui proclame :
« Surmontons les différences, construisons l’unité la plus large dans la diversité des partis, des mouvements sociaux et populaires et de l’intellectualité progressiste et de gauche au sein de chaque organisation, pays et continent. Nous continuerons à nous unir pour l’intégration régionale afin de promouvoir la souveraineté de l’Amérique latine et des Caraïbes !
Nous saluons le 20ème anniversaire du Réseau des Intellectuels, Artistes et Mouvements Sociaux pour la Défense de l’Humanité (REDH), un mouvement de pensée et d’action dont les principes directeurs sont : la défense de la paix, de la mémoire, de la vérité et de la pluralité de l’information, l’intégration et la souveraineté des peuples, la préservation de l’environnement et l’unité dans la diversité culturelle.2)
2) Le Sommet des Peuples :
- condamne le blocus injuste et illégitime que subit Cuba de la part des Etats-Unis et s’associe à la Déclaration adoptée lors de la XXVIème Assemblée du Forum de Sao Paulo, tenue à Brasilia du 29 juin au 2 juillet 2023, affirmant la résistance héroïque de Cuba à plus d’un demi-siècle de blocus injuste et criminel de la part de la puissance impériale des Etats-Unis. La dignité du peuple cubain est un exemple pour toutes les nations et tous les partis populaires du monde, et nous nous sentons identifiés lorsque la réunion du Forum de Sao Paulo décide de déclarer Cuba « patrimoine universel de la dignité ».
- condamne l’utilisation de mesures judiciaires et de « fake news » pour destituer des dirigeants progressistes d’Amérique latine démocratiquement élus par leurs peuples, et rejette la politique illégale de sanctions et de mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis à la République bolivarienne du Venezuela et à la République du Nicaragua, qui constituent un blocus inhumain et criminel pour les économies et les peuples de ces deux pays ; rejette également la politique de l’Union européenne consistant à approuver et, dans certains cas, à répéter les sanctions des États-Unis contre le Venezuela et le Nicaragua.
- invite instamment le gouvernement des États-Unis à abroger intégralement, immédiatement et inconditionnellement toutes les mesures qui portent atteinte aux droits de l’homme des peuples d’Amérique latine et des Caraïbes, y compris à la réalisation de leur droit au développement et à la recherche de leur bien-être.
- en particulier, nous condamnons l’enlèvement et la détention arbitraire du diplomate bolivarien Alex Saab par le gouvernement américain alors qu’il effectuait un travail humanitaire à l’étranger pour obtenir des médicaments et de la nourriture afin d’atténuer les conséquences criminelles des mesures coercitives unilatérales prises à l’encontre du peuple vénézuélien. Nous exigeons sa libération immédiate.
- rejette la montée de l’extrême droite en Europe, alimentée par la mise en œuvre de politiques autoritaires, réactionnaires et patriarcales qui ont supprimé des droits sociaux et rendu plus précaire la vie de millions de personnes à travers l’Europe.
- il préconise la mise en œuvre de politiques socialement progressistes qui empêchent les peuples d’Europe de continuer à subir les conséquences d’une crise qu’ils n’ont pas provoquée.
- elle exprime sa solidarité avec les efforts du gouvernement colombien du président Petro pour promouvoir le changement social avec une nouvelle loi du travail en faveur de la classe ouvrière, avec un nouveau système éducatif qui garantisse réellement le droit à l’éducation, et avec des progrès vers un système de santé publique universel et de qualité.
- aujourd’hui, la Bolivie progresse dans l’amélioration de son économie avec équité, justice sociale et bien-être, étroitement liée à ses racines indigènes originelles, aux expériences et aux objectifs du mouvement syndical, à la protection des droits de l’homme des peuples indigènes et paysans et de la Terre Mère.
- voit avec espoir le retour de Lula à la présidence du Brésil après toutes sortes d’attaques et de manipulations, suite au rejet populaire des politiques d’extrême droite de Bolsonaro. La politique de Lula ouvre la voie à une nouvelle phase de progrès au Brésil qui nous permet de considérer cette victoire comme un exemple de lutte et de défaite du fascisme à partir de la persévérance dans le travail social, syndical et politique.
- se félicite de l’impulsion donnée par la création d’une organisation sociale de la CELAC en tant qu’espace de représentation des peuples d’Amérique latine et des Caraïbes, et insiste pour qu’elle soit reconnue par l’UE et ses organisations en tant que contrepartie de la création d’un espace social de participation populaire birégionale.
- condamne la répression au Pérou qui a fait 69 morts, dont 49 auraient ont été tués avec des armes militaires et policières. Nous rejetons la criminalisation de la protestation sociale et l’obstruction du droit à la mobilisation pacifique. Nous exigeons la fin des procès et la libération des détenus. Nous condamnons également le fait que le gouvernement de Dina Boluarte ait autorisé la présence de troupes américaines pour intimider la population. Nous rejetons la déclaration du Congrès péruvien contre les présidents Gustavo Petro, Manuel López Obrador et l’ancien président Evo Morales en raison de leur condamnation justifiée de la situation politique et sociale au Pérou.
3) Exige le respect du droit du peuple haïtien à l’autodétermination sans coups d’État préparés par le Nord global, sans occupations militaires de leur territoire comme cela s’est produit pendant les opérations de la Force multinationale provisoire (FMP) et de la MINUSTA (mission de stabilisation de l’ONU en Haïti, approuvée par le Conseil de sécurité de l’ONU et impliquée dans l’abus sexuel systématique de filles, de garçons et de femmes).
4) Dans une perspective de solidarité active, nous défendons le fait que la liberté de circulation n’est pas seulement un droit humain inhérent, mais qu’elle a également un impact positif sur les sociétés d’accueil. Par conséquent, il est nécessaire, d’une part, de dénoncer et de rendre publique la violation des droits de l’homme des migrants et de leurs familles et, d’autre part, de défendre et de protéger la tragédie humanitaire sur les routes migratoires, dont la plupart sont des femmes et des filles victimes de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle. Selon ce sommet, il est temps que les pays du Nord et du Sud reconnaissent les avantages mutuels de la migration et mettent en œuvre des politiques en conséquence.
5) Note avec inquiétude que les jeunes des deux continents sont touchés par le chômage, l’accroissement des inégalités et les limitations dans leur développement personnel et professionnel. Inspiré par le pouvoir de mobilisation de la jeunesse, préconise de renforcer les jeunes pour qu’ils assument le rôle de changer leur vie, de réaliser leurs demandes et de veiller à ce que leurs droits soient respectés sans aucune discrimination et pour une plus grande justice sociale.
6) Constate qu’en dépit des progrès accomplis, le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et les formes d’intolérance qui y sont associées persistent et portent atteinte au respect de tous les droits de l’homme des personnes d’ascendance africaine, en particulier des femmes et des enfants qui sont victimes de discriminations. Demande instamment l’adoption de lois et la mise en œuvre de politiques et de programmes qui garantissent la protection effective des personnes d’ascendance africaine ou africaine victimes de discrimination raciale.
7) En préparation de ce sommet, nous avons organisé pendant deux jours des conférences et des débats, partageant les expériences de nos luttes et discutant des alternatives aux problèmes qui affectent nos peuples. Nous avons élaboré des projets qui montrent clairement notre détermination à travailler ensemble et à coordonner nos forces.
Nous proposons de lutter et de nous unir de manière coordonnée pour construire un Ordre International Multipolaire, basé sur des relations multilatérales, qui permette le développement des principes et des droits reconnus dans la Charte Fondatrice des Nations Unies.
Nous défendons le droit de chaque Peuple à déterminer librement son avenir, sans ingérence extérieure, avec la capacité de mettre ses richesses et ses ressources naturelles au service de l’amélioration des conditions de vie de la majorité sociale qui souffre aujourd’hui de la faim, de maladies curables et du manque de logement. En ces temps de crise alimentaire, nous exigeons le renforcement de l’agriculture traditionnelle et du dialogue inter-scientifique pour parvenir à la sécurité alimentaire dans le cadre de la souveraineté mondiale.
– Ce sommet appelle les peuples du monde, les forces politiques de gauche, les progressistes et les mouvements sociaux et populaires d’Amérique latine et des Caraïbes, et en particulier la CELAC et l’ALBA, à exprimer une solidarité claire et active avec la lutte contre le colonialisme et pour le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple sahraoui et de son représentant légitime, le Front Polisario.
Dans le même esprit, le sommet exprime sa solidarité avec la lutte du peuple palestinien pour la défense de son droit à former un État indépendant conformément au droit international, en dénonçant l’oppression des forces d’occupation israéliennes.
– Ce sommet célèbre le fait que le VIIe sommet de la CELAC, qui se tiendra à Buenos Aires en janvier 2023, a déclaré l’Amérique latine et les Caraïbes zone de paix, comme cela a été approuvé à La Havane dans le cadre du IIe sommet de la CELAC en 2014. Nous espérons que les pays membres suivront cet exemple afin de contribuer efficacement à la paix dans le monde.
– En ce moment de l’histoire, plein de conflits, nous justifions la défense de la culture de la Paix comme fondement de la civilisation. Nous lançons un appel pressant pour que ces conflits soient surmontés par des moyens pacifiques et des négociations diplomatiques. Nous soutenons les efforts des présidents Lula, López Obrador, de plusieurs présidents africains et du gouvernement chinois pour mettre fin au conflit militaire en Ukraine. Dans cette défense d’une solution négociée au conflit, nous soutenons les initiatives du président Petro pour une paix totale en Colombie, et reconnaissons le rôle de Cuba, du Mexique et du Venezuela en tant que garants du processus et des accords de paix de 2016 en Colombie.
8) Parallèlement à notre Sommet des peuples, s’est tenu le IIIe Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CELAC et de l’UE, conçu comme une occasion d’approfondir les relations entre les deux régions à partir d’une autonomie stratégique.
Nous déplorons les tentatives de l’UE d’imposer des initiatives et des méthodes unilatérales et non transparentes qui vont à l’encontre de l’esprit de respect, de dialogue et de coopération qui devrait prévaloir dans les relations birégionales. En tant que Sommet des Peuples, nous continuerons à faire pression pour des réunions birégionales, basées sur l’égalité et la transparence, qui offrent des solutions réelles aux défis politiques, sociaux, environnementaux et économiques de nos peuples.
9) Nous sommes convaincus que ce sommet donnera un élan à la lutte des peuples et, avec cette déclaration finale, nous demandons une feuille de route comprenant les éléments suivants :
– Le soutien à la tenue d’un Tribunal international contre le blocus de Cuba, qui se tiendra les 16 et 17 novembre 2023, en tant qu’action majeure de mobilisation, de dénonciation et de revendication des peuples contre le blocus. Nous exigeons le retrait de Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme.
– Engager toutes nos organisations dans les mobilisations du 21 septembre, en défense de la Paix et de la Solidarité, contre la spirale belliciste et pour la dissolution des blocs militaires, en nous engageant à continuer à travailler pour la déclaration de l’Atlantique et de la Méditerranée comme Zone de Paix, libre de bases militaires.
– Promouvoir une campagne de dénonciation des blocus et des mesures coercitives dont souffrent de nombreux États dans le monde aux mains de l’impérialisme et, en particulier, de ceux dont souffrent tout particulièrement Cuba, le Venezuela et le Nicaragua et qui doivent cesser immédiatement. Dans ce contexte, nous condamnons l’utilisation du Parlement européen comme instrument au service de ces attaques.
– Nous exigeons la fin des sanctions unilatérales, qui constituent une ingérence manifeste dans les affaires intérieures de ces États. L’UE ne peut être l’architecte ou le complice de ces actions illégales ; nous proposons donc qu’elle agisse directement en son sein et dans toutes les institutions judiciaires et politiques internationales pour obtenir leur suppression.
– Soutenir la lutte des femmes contre le patriarcat pour la défense de la vie en construisant des sociétés justes et émancipatrices.
– La proposition du président bolivien Luis Arce Catacora de convoquer l’Assemblée générale de la Terre en 2024 pour protéger notre maison commune, la Terre mère, et débattre des conséquences du modèle de développement capitaliste qui a conduit à la destruction de notre planète, en promouvant la création du Mécanisme intergouvernemental permanent de l’eau à l’ONU pour garantir le droit à l’eau potable et à l’assainissement en tant que droit humain essentiel pour nos peuples.
– Défendre les accords et les mesures qui contribuent au développement de relations commerciales, financières et économiques équitables, équilibrées sur la base du bénéfice mutuel et de la défense de la Terre Mère, de nature multilatérale, qui mettent définitivement fin au colonialisme qui a causé tant de tort aux peuples d’Amérique latine et des Caraïbes.
– Défendre la préservation, la revitalisation et la promotion des langues indigènes afin de préserver l’identité, l’histoire, la culture, les connaissances, les coutumes et les traditions de nos peuples dans le cadre de la Décennie internationale des langues indigènes, en soutenant les pratiques culturelles et les médecines ancestrales des peuples indigènes préservées par ces mêmes peuples
– Insister sur la construction de plates-formes de communication à partir desquelles des informations réelles et véridiques peuvent être diffusées, qui mettent fin à la manipulation des médias et au blocage de l’information au service de l’impérialisme.
– Développer des mécanismes de communication et de coopération entre ceux qui participent à ce Sommet des Peuples, afin de donner une continuité à son travail et à ses propositions et de rendre notre lutte plus efficace.
Cette Conférence des Peuples d’Amérique Latine, des Caraïbes et d’Europe conclut ses travaux par l’appel à poursuivre la lutte populaire présentée dans les différents rapports qui accompagnent cette Déclaration.
CONTRE L’IMPÉRIALISME ET JUSQU’À LA VICTOIRE FINALE DES PEUPLES.
Bruxelles, le 18 juillet 2023
Photo mise en avant : les participants au Sommet des Peuples à Bruxelles les 17 et 18 juillet 2023