L’affirmation politique de la gauche et l’élection de Corbyn à la direction du Parti Travailliste

L’article ci-dessous, daté d’avant sa réélection, pressent la large victoire de Jeremy Corbyn à la direction du Labour Party (65% des voix). Les manœuvres les plus sordides de la droite du parti, allant jusqu’à l’expulsion arbitraire et l’interdiction de voter pour des milliers de militants, n’ont pas eu raison de la formidable détermination de la base ouvrière, de la jeunesse, de se réapproprier le Parti Travailliste pour lutter contre la politique d’austérité et de guerre du capitalisme.

 

Votons Corbyn ! Elevons le contrôle du Parti par ses membres

Corbyn ayant été élu à la direction du Parti Travailliste il y a 10 mois seulement, il se trouve encore obligé de refaire campagne pour rester en poste. De nouvelles élections sont en cours en ce moment. Résultats le 23 Septembre.

Il faut faire la distinction entre la structure bourgeoise de la direction du Parti Travailliste et le Comité Exécutif (NEC) qui est bureaucratique en ce qu’il s’appuie sur une bureaucratie syndicale et travailliste. L’appareil bourgeois du Parti s’exprime directement au travers des députés et des conseillers municipaux, dont la majorité applique l’austérité, et lutte contre Corbyn en alimentant les campagnes de diffamation médiatiques contre lui. Dans les localités et les régions, une couche du Parti respecte les syndicats et les grèves, tout en essayant de les contrôler.  C’est une bureaucratie de Parti. Elle contient des secteurs qui appuient Corbyn parce qu’il est clairement en train de gagner. D’autres sont vraiment impulsés par l’espoir qui se lève, et expriment leur indignation face à la cruauté imbécile du capitalisme.

L’instance exécutive du Parti (NEC) qui restait ambiguë envers Corbyn jusqu’à récemment vient de l’obliger à se présenter à de nouvelles élections s’il veut rester à son poste. Un opposant lui a été trouvé, Owen Smith, que toute la bourgeoisie et la presse appuient en dépit de son manque évident de capacité pour se comparer à Corbyn.

Comme dans tout autre Parti, la structure et la direction du Parti Travailliste est décidée par son objectif. L’objectif du Parti étant d’améliorer le capitalisme, il s’ensuit que la structure et la direction du Parti sont bourgeois. Les Conservateurs (Tories) au gouvernement prétendent vouloir « un Parti Travailliste fort » ! Ce qu’ils cherchent derrière ces mots mensongers est un Parti Travailliste assez fort pour tenir la classe ouvrière hors-jeu et sans représentation dans tout gouvernement Travailliste. C’est justement là la faiblesse de Corbyn : il veut la classe ouvrière, il la recherche, il accompagne ses luttes.

Au fil de nombreuses années, le Travailliste de gauche Corbyn, avec une petite équipe parlementaire, a construit une solide base d’appui dans les mouvements ouvriers et sociaux, contre l’austérité et la guerre en particulier. Son énorme succès fait pression sur l’appareil du Parti, le poussant vers l’objectif de changer le capitalisme.  Dans la grande droite impérialiste du Parti comme Hilary Benn, Peter Mandelson et Tony Blair, ils n’en reviennent pas d’étonnement et de haine. Quant a l’Exécutif bureaucratique du Parti (NEC), il décidait récemment de fermer toutes les fonctions locales et régionales du Parti, pour 3 mois !

Tous les plus grands syndicats sauf un (GMB) – et beaucoup de plus petits – ont déclaré leur appui à Corbyn, contre son challenger Owen Smith qui se prétend fort et éligible parce qu’il appuie l’armée britannique, le Trident, le gouvernement putschiste d’Ukraine et l’OTAN. 84% des organisations locales travaillistes se sont prononcées en faveur de Corbyn. Toutes les grandes manifestations de masse sous l’égide de la Centrale Syndicale Unique (TUC) ont vu Corbyn au premier rang.

Le programme en 10 points de Corbyn met les gens avant le profit. Chaque point est anticapitaliste dans la mesure où il n’est pas réalisable dans le capitalisme. Les 10 points inclinent le Parti vers l’abolition de la politique d’austérité, vers le questionnement de la politique de guerre de l’impérialisme, et vers la défense des droits syndicaux et humains.

Les détracteurs travaillistes de Corbyn savent déjà qu’il va perdre les élections en 2020 ! Et qu’en conséquence, Corbyn doit être tout de suite remplacé à la direction du parti par son challenger qui lui, c’est bien clair, est venu au monde pour « le pouvoir ».  En réalité, les détracteurs de Corbyn dans le Parti sont presque tous des députés et des ministres potentiels. Ils ont voté la guerre en Iraq et en Syrie. Et ils ont maintenu les Tories au gouvernement, que l’on pouvait parfaitement avoir chassés après la chute de Cameron.

Les membres syndicaux et travaillistes doivent contrôler le Parti 

Il y a quelques semaines, 166 députés travaillistes sur 220 votaient contre Corbyn en plein parlement pour essayer de le forcer à abandonner sa position de Party Leader. En ceci, les députés ont échoué  mais ils ont réussi à intimider l’Exécutif du Parti (NEC) pour que celui-ci organise de nouvelles élections à l’encontre de son propre règlement.

Qui donc contrôle le Parti ? Le Secrétaire General Iain McNicol s’en est remis à la Cour d’Appel pour obliger 180.541 nouveaux adhérents à payer £25 chacun pour pouvoir voter (ceux-ci n’ayant rejoint le Parti qu’après le 12 Janvier 2016). Le Secrétaire Général contrôle donc le Parti avec l’appui de la Cour d’Appel. Mais le principe tant vanté par le Parti de « chaque-membre-un-vote » exige que les décisions soient prises par la base du Parti. C’est à la Conférence du Parti, donc, de décider de la politique du Parti et à l’Exécutif du Parti d’exécuter les décisions prises par la Conférence. Rien d’autre.

Que faire tout de suite ?

Au cours de ces dernières semaines, l’appareil bourgeois du Parti a eu recours à la loi bourgeoise à deux reprises. Ceci montre à quel point cet appareil manque d’appui dans le Parti, et à quel point ce manque d’appui le force à se rapprocher plus encore de l’arbitrage bourgeois. Ceci, et la fermeture du parti pour 3 mois, montre la peur de l’énorme croissance du Parti qui a déjà plus de 598.000 membres (40.000 autres ont été rayés des listes pour irrégularités). L’enregistrement de 180.541 nouveaux adhérents en 48 heures (pressionnés de payer £25 ou de perdre leur droit de vote) présente des aspects de soulèvement politique.

Certains changements sont à exiger tout de suite, comme l’arrêt des suspensions arbitraires et l’abolition du Compliance Unit disciplinaire. Ces fonctions doivent passer à l’Exécutif (NEC) et à la Conférence Nationale.

Toutes ces questions doivent pouvoir être discutées directement lors des Conférences Nationales, ce qui est loin d’être le cas. La fermeture du Parti pour trois mois, jusqu’à la Conférence Nationale le 24 Septembre, est un abus de pouvoir.

  • Préparation du Parti et des Syndicats pour l’abolition des lois antigrèves (de Thatcher)
  • Réunions publiques avec les conseils municipaux travaillistes pour entamer la lutte contre le Housing & Planning Act
  • Consultations mensuelles entre le NEC et les sections locales et régionales
  • Droit de tendance dans toutes les réunions pro-Corbyn dans le Parti et à l’extérieur du Parti : organisations de chômeurs, de femmes, de défense du climat, de l’environnement, de la paix etc., les syndicats en tant que tels, en plus de tous les partis ouvriers alliés.

La lutte sociale devient aussi importante, sinon plus, que la lutte parlementaire.

Posadiststoday.com – 9.9.2016