L’alliance Russie – Iran renforce le front mondial anti-impérialiste

Les rapports de force mondiaux vont dans le sens d’affrontements et de guerres entre différents blocs opposés : les Etats-Unis et leurs alliés européens, contre la Russie, la Chine, la Corée du Nord, l’Iran – comme l’ont dénoncé tant le pape que l’ayatollah Khamenei. Il y a actuellement des prises de positions et des définitions contraires aux tendances conciliatrices ou néolibérales favorables aux privatisations en Iran, qui avaient une voix prépondérante dans le premier gouvernement de Rouhani.

Il faut aussi prendre en considération l’échec de Massoud Barzani à maintenir son leadership institutionnel et l’échec de son referendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien.

En Syrie, la capitale de l’Etat Islamique, Raqqa, n’a pas été « libérée », elle a été détruite par les bombardements américains, mais seulement après que les bandes de l’Etat Islamique aient pu s’enfuir par le couloir ouvert par les Américains et les Kurdes, afin de pouvoir se regrouper plus au nord de la Syrie. Les forces alliées américaines, kurdes, syriennes d’opposition à Assad se préparent à occuper la ville de Rakka, vidée de ses habitants.

Par ailleurs, il faut souligner l’importance du contrat militaire entre le Qatar et la Russie, et les accords Qatar – Iran pour faire face aux menaces de l’Arabie Saoudite et du Conseil des Pays du Golfe (Emirats Arabes Unis, Bahrein, Koweit).

Contradictions entre le premier gouvernement Rouhani et le leader suprême Khamenei

Pendant son premier gouvernement, Rouhani avait pris de nombreuses mesures d’intégration avec les entreprises nord-américaines et les multinationales du pétrole, avait adhéré à l’Organisation Mondiale du Commerce, chantre de la privatisation totale. Son ministre du pétrole, Zangueneh, avait renié les politiques et les mesures du gouvernement révolutionnaire d’Ahmadinejad, imposé l’importation d’essence (raffinée), se basant sur l’exportation de tout le pétrole brut. Tout cela allait contre Khamenei qui soutenait l’idée de rendre l’Iran indépendante de l’économie pétrolière, des pétrodollars, des risques liés à la politique du marché pétrolier.

Le premier gouvernement de Rouhani a fait fermer la compagnie « Garardad Khatalonbia », des Gardiens de la Révolution (les Pasdaran), qui employait un million de travailleurs et intégrait 350 entreprises privées dans son organisation hybride entre para-étatique et militaire. Cette Compagnie avait commencé à construire la raffinerie « Etoile du Sud », dans le but de ne plus devoir importer du pétrole raffiné et de produire en Iran même de l’essence, tant pour le marché interne que pour l’exportation. Le premier gouvernement Rouhani a imposé une limitation de la participation de l’Etat à cette entreprise au niveau de 20% seulement. Les 80% étant dans les mains du secteur privé, celui-ci a saboté la construction, n’a pas capitalisé, ni investi. Cette gigantesque raffinerie, qui est déjà construite à 90%, est actuellement complètement paralysée. Il y avait presque tous les jours des explosions de puits de pétrole ou de parties de  la raffinerie,  provoquées sciemment pour paralyser la réalisation de la Raffinerie « Etoile du Sud ».

Le voyage de Poutine en Iran

Khamenei, le leader suprême, reçoit Poutine qui vient à Téhéran pour accélérer, sans attendre une solution des luttes internes au sein du pouvoir iranien, un contrat de construction de réseaux ferroviaires Nord-Sud, ainsi que d’autres contrats stratégiques plus importants.

Un frein a été mis au sabotage de la part du premier gouvernement Rouhani qui était opposé à la construction de voies ferrées Nord-Sud reliant le réseau ferroviaire de l’ex-URSS et l’Iran jusqu’au Golfe d’Oman et à l’entrée du Golfe Persique.

Le fait que Aliev, le président d’Azerbaïdjan, était également présent à cette réunion avec Poutine, peut être un signal de changement de position de ce pays qui est, tout comme la Turquie, un amphitryon de l’OTAN.

Les récentes menaces proférées par Trump contre l’Iran ont déclenché un incendie révolutionnaire en Iran, obligeant Rouhani à se lancer à des attaques contre Trump et les Etats-Unis et à le menacer de fabrication d’armes et de missiles, alors que ce même Rouhani avait fait des concessions énormes, acceptant de détruire des installations nucléaires iraniennes, donnant des autorisations aux contrôleurs de l’AIEA d’incursions permanentes, y compris des visites à un local militaire.

De toutes façons, ce sont des menaces en l’air. Le leader suprême Khamenei a clairement déclaré, à plusieurs reprises, que l’Iran n’allait pas construire des missiles à tête nucléaire et ne le ferait jamais pour la simple raison que c’est contraire aux principes humanitaires islamiques.

Le tremblement de terre en Iran

Le tremblement de terre qui s’est produit en Iran la nuit du 12 novembre dernier ajoute un nouvel élément dramatique à la situation de la population, déjà confrontée en permanence aux menaces de guerre et aux sanctions occidentales. Le séisme a été d’une force gigantesque, de 7,3 sur l’échelle de Richter et a déjà fait des dégâts énormes aux maisons et aux édifices populaires, avec plus de 440 morts et 7600 blessés.

La droite iranienne et internationale a aussitôt accusé les gouvernements sous la présidence d’Ahmadinejad, d’avoir construit des bâtiments sans respecter les normes sismiques. Dans la ville de Kirmanshah, dans le Kurdistan iranien, très touchée par l’actuel tremblement de terre,  Ahmadinejad avait mené une politique de construction massive de logements en accordant des prêts à faible taux d’intérêt pour les familles sans ressources, en particulier celles qui avaient été victimes des inondations.

L’actuel ministre du Logement et des Transports, Akhundi, était un opposant farouche au gouvernement progressiste antérieur et défendait une industrie de la construction basée sur le marché. Maintenant il cherche un bouc émissaire en incriminant la construction de logements populaires.  Mais il faut faire des comparaisons objectives : en 2003, lors du tremblement de terre de Bam, il y eut près de 23.000 victimes ; en 1990, à Manjil-Rudbar il y eut 36.000 morts, avec un séisme équivalant à l’actuel. Par ailleurs, dans le séisme actuel, les chiffres montrent que la plupart des blessés ou des morts vivaient dans des maisons privées et non dans les logements sociaux.

Khamenei a obligé le gouvernement à développer une grande mobilisation des secours. Dans le froid intense, l’armée est entrée en action, avec avions et hélicoptères, de même que les Pasdaran et le Croissant rouge. Des milices et des organisations populaires se rendent dans les villages les plus isolés. De partout, des volontaires, des donneurs de sang se mobilisent. Les dommages physiques sont énormes et douloureux, mais l’exercice de collaboration et d’organisation sociale des masses et des forces militaires est très émouvant.

Notre correspondant en Iran   13.11.2017