L’Argentine se prépare à faire payer aux grandes fortunes le coût des vies menacées par le coronavirus. Le gouvernement accélère le rôle de premier plan de l’État pour prévenir de nouveaux dommages à la vie humaine et pour relancer l’économie mise en difficulté par le macrisme et en crise aggravée par le coronavirus. En vue de compenser l’effondrement économique et de restaurer le système de santé, la commission du budget et des finances soumettra au Congrès un projet de loi proposé par le « Frente de Todos » (le parti kirchnériste) pour mettre en œuvre la « taxe Patrie » à charge de la minorité de possesseurs de grandes fortunes.
L’AFIP (Internal Revenue Service) vient de révéler qu’il existe 950 comptes non déclarés de milliardaires argentins à l’étranger, dans les paradis fiscaux, pour un total d’environ 2,6 mille milliards de dollars. Ces informations, comme celles déjà fournies par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) en 2017, ont été logiquement ignorées par le gouvernement Macri qui, au contraire, a favorisé la fuite de 88 mille milliards de dollars sur quatre ans, y compris ceux de sa famille. Ce sont des fortunes très élevées. Le gouvernement argentin veut les obliger à payer des impôts extraordinaires afin que l’État puisse améliorer le système de santé, percevoir les impôts et compenser la récession économique, aggravée par le coronavirus .
Les porte-parole de ces secteurs ultra-riches , l’oligarchie, l’UIA (Union industrielle argentine), comme l’ancien ministre de l’économie de Macri, Alfonso Prat Gay, et l’ancienne ministre de la Sécurité publique, Patricia Bullrich, ont déjà lancé leur cri de ralliement à travers les médias hégémoniques et Twitter. Cependant, la question de l’énorme dette extérieure et celle de la concentration financière et bancaire privée restent en suspens. L’État doit agir pour mettre en mouvement le soutien du système productif en période de coronavirus.
Les grandes fortunes, comme le coronavirus, n’ont pas de frontières et tuent
Pendant ce temps, Cristina Kirchner, vice-présidente de la nation, a reçu l’approbation en tant que présidente du Sénat de présenter à la Cour suprême de Justice une action déclaratoire qui donnerait la certitude que les lois peuvent être adoptées lors des sessions du Congrès par vidéoconférence, en raison du confinement obligatoire à cause du coronavirus. De cette façon, des projets tels que la taxation des grandes fortunes devraient avoir des garanties constitutionnelles.
En Argentine, l’un des millionnaires, l’industriel Paulo Rocca, propriétaire de Techint, une entreprise d’ingénierie et de construction de grande taille, a fini par licencier 1 450 travailleurs, invoquant une crise économique. La famille Rocca, pour qui « l’économie passe avant tout », est responsable, bien au-delà des frontières argentines, de l’exploitation capitaliste et du non-respect des vies humaines.
Alberto Fernández a déclaré: « Que personne ne pense qu’en prenant soin de la santé des Argentins, nous négligeons l’avenir des Argentins. » En fait, tout indique que de nombreuses mesures économiques importantes auront lieu dans les prochains jours. Commencer par « l’impôt Patrie» sur les grandes fortunes, c’est une bonne étape!
L’autre étape est ce que le ministre de l’Économie, Martín Gusman, vient de communiquer, que l’Argentine n’est pas en mesure de payer ses dettes au FMI, et ne le fera qu’en 2023. Le gouvernement demandera un délai de trois ans pour le report du paiement de la dette, et négociera pour réduire 5,4% du capital, et 63% des intérêts sur la dette. Lors de la réunion avec tous les gouverneurs et en présence de Cristina Kirchner, le président Alberto Fernandez ajoute : « Pour nous, une dette soutenable est celle que nous pouvons payer sans porter atteinte aux besoins de millions d’Argentines et d’Argentins, qui existaient déjà en décembre et qui ont augmenté avec la pandémie. «
« Je voudrais faire comprendre à tous que nous franchissons une étape très importante, et c’est ainsi que nous voulons construire l’Argentine du futur. C’est peut-être l’occasion de construire un autre pays, plus juste, plus solidaire, plus égalitaire et vraiment plus fédéral. »
Notre correspondant en Argentine – 16/04/2020