Trident est un système composé de 4 sous-marins « Vanguard » chacun porteur de 16 missiles nucléaires balistiques largables « Trident II ». Ce système étant devenu obsolète, le gouvernement conservateur de David Cameron cherche à le moderniser. La base du Trident se trouve à Faslane, en Ecosse.
Ce ne sont pas les grandes multinationales de l’armement, de la guerre ou de la finance qui financent le Trident. Non, il a toujours été et reste à l’entière charge des contribuables dans tout le Royaume Uni. Le coût – difficile à estimer du fait du secret commercial et militaire – se monte aux alentours de €250 milliards, et probablement au-delà.
La centrale syndicale écossaise (STUC) fait campagne avec le CND* d’Ecosse contre la base à Faslane. Le SNP (parti nationaliste écossais) – qui contrôle le parlement autonome écossais à Holyrood – s’oppose lui-aussi à cette base. En Ecosse, une soif de souveraineté nationale se combine avec un rejet sourd de l’impérialisme britannique.
Comme tout le peuple est appelé à porter le coût du démantèlement et renouvellement du Trident, Cameron a décidé d’attendre le consentement de la Chambre des Communes à Westminster. Ce consentement lui sera accordé car la majorité des députés appuie Trident.
Le nouveau dirigeant travailliste Jeremy Corbyn a fait campagne toute sa vie (avec CND et StopTheWar) contre l’arme nucléaire. Il prône la dénucléarisation progressive du Royaume Uni. Bien qu’il soit fort militant et sincère, il conduit surtout sa lutte anti-Trident à partir des hautes sphères majoritairement pro-Trident de son Parti.
Pour ajouter à ses soucis, les directions syndicales renforcent le gouvernement Cameron par leurs déclarations en faveur du Trident « pour éviter le chômage ». Mais leur objection perd du poids lorsqu’on observe le peu qu’ils font pour sérieusement enrayer les licenciements constants, comme dans l’acier.
J. Corbyn s’appuie sur des professionnels pour prôner la reconversion de l’industrie militaire. Il a publié un plan de production de turbines en Ecosse, capables de transformer la force des vents et des marées en production électrique à grande échelle, ayant besoin de trois fois la main d’œuvre actuellement déployée à Faslane.
Face à la furie des médias et de la classe dirigeante, J. Corbyn vient de dire qu’il peut accepter la construction de nouveaux sous-marins Vanguard « aussi longtemps qu’ils ne portent pas d’ogives nucléaires ». Les ricanements hilares de la classe bourgeoise montrent à quel point cette décision dépend du contrôle ouvrier sur la production.
Si Jeremy Corbyn met sur pied une campagne anti-Trident dans la population et la classe ouvrière, il va y trouver des appuis partout. La Centrale Syndicale britannique TUC a voté contre Trident en 2013. CND, StW et les Peoples Assemblees préparent de grandes manifestions anti-Trident. L’objection au renouvellement de Trident est large, et grandissant. Il va jusqu’à des militaires à la retraite et la House of Bishops.
Le sentiment anti-Trident grandit surtout à la base du Parti Travailliste où se développe un nouveau mouvement de gauche « Momentum ». Tout le monde sait que Trident n’est pas indépendant comme il est supposé l’être. Il est totalement dépendent des USA et de l’OTAN.
Pas de compromis sur le Trident ! Il n’y en a pas besoin. Les grandes masses s’opposent à son coût stupide, alors qu’il faut déjà des milliards contre les inondations et la montée des eaux de l’océan.
De notre correspondant à Londres – 23.1.2016
* Campaign for Nuclear Disarmament