Le Sommet de l’OTAN 2016 à Varsovie : hystérie belliciste contre la Russie

C’est la première fois qu’un sommet de l’OTAN se réunit aussi près des frontières de la Russie. Cela se présente comme un symbole de la concentration très importante de moyens militaires, financiers, politiques de l’Alliance Atlantique pour créer des affrontements avec la Russie. En quelques années, la Russie est donc passée du statut de « partenaire » (qui avait suivi la dissolution du Pacte de Varsovie et le démantèlement de l’URSS) à celui de principal adversaire, s’il n’est pas encore ennemi des 28 pays membres de l’OTAN.

A ce sommet, les 28 gouvernements participants, ainsi que tous leurs « invités », vont confirmer et accélérer la marche vers une guerre déclarée. Toujours au nom de la nécessité de « se défendre » et de garantir la sécurité des populations , ils sont en train de concentrer les préparatifs militaires les plus offensifs, tels que la poursuite de l’installation du bouclier anti-missiles (depuis les Pays Baltes jusqu’à la Roumanie et la Mer Noire), la réaffirmation de la stratégie nucléaire de l’OTAN, incluant le « droit de première frappe », la modernisation et la réorganisation des armées pour se conformer aux « critères OTAN » ; de très importants déploiements et exercices militaires, avec des milliers de soldats, sur terre, en mer et dans les airs, dans les pays frontaliers ou proches de la Russie ; l’intégration dans ces plans de la Géorgie et de l’Ukraine qui ne sont pas membres de l’OTAN (le président Porochenko fera partie des invités au Sommet de Varsovie) ; l’intégration prochaine d’un nouveau membre, le Montenegro, malgré l’opposition massive de sa population.

La Pologne se présente comme le meilleur serviteur de l’OTAN : les actuels dirigeants se glorifient de recevoir le Sommet dans le même lieu où avait été signé le Pacte de Varsovie (1), et de voir le déploiement des militaires otaniens sur son territoire à la place de ceux du Pacte de Varsovie de l’époque soviétique. Ils se vantent aussi d’avoir tant de soldats polonais dans les bataillons permanents que l’OTAN est en train d’installer dans plusieurs pays d’Europe de l’Est.

Mais il ne s’agit pas seulement de la Pologne. Dans quasi tous les pays de l’Est européen, qui faisaient partie soit de l’URSS, soit du Pacte de Varsovie, ce sont les partis les plus droitiers, anticommunistes, qui ont pris le pouvoir. Ils ont délogé les partisans de la « 3ème voie social-démocrate et démocrate-chrétienne et, au lieu de soutenir un minimum de neutralité, ils se vendent à l’OTAN. En réalité, l’OTAN n’est pas un parapluie de protection, c’est l’instrument militaire de défense des intérêts des grands capitalistes états-uniens et européens, Union Européenne ou pas.

Depuis les années 1990, avec la « chute du Mur de Berlin », l’absorption de la RDA par l’Allemagne capitaliste, la dissolution du Pacte de Varsovie et le démantèlement de l’URSS, le camp occidental, au travers de l’OTAN, a cherché à récupérer tous ces pays, y compris la Russie. Ils y sont parvenus en partie, en imposant la transformation de leurs économies étatisées et planifiées  en terrains pour l’invasion de l’économie de marché capitaliste, et en utilisant les vieilles bureaucraties corrompues et parasitaires des Etats ouvriers en candidats pour former une nouvelle classe bourgeoise. Mais le système capitaliste en crise ne laisse pas de place à une telle concurrence. Ils sont ainsi parvenus seulement à acheter un petit secteur « d’oligarques », prêts à revendre au grand capital US et européen des ressources économiques vitales que la bureaucratie de l’époque de Eltsine avait privatisé. C’était aussi l’époque où l’OTAN offrait un « partenariat pour la paix » avec la Russie, en comptant bien finir par l’absorber dans la grande alliance mondiale intitulée « lutte contre le terrorisme ».

Ce que les médias et les politiques nomment aujourd’hui « le retour de la guerre froide » est le fait que les restes du système socialiste, des pays socialistes d’Europe de l’Est, de l’Union Soviétique, sont loin d’avoir disparus, ont repris beaucoup de forces. C’est aussi le fait que le capitalisme ne peut pas changer sa nature, il ne peut dépasser la propriété privée, la course aux profits, les ambitions de puissance, la concurrence, les contradictions de toutes sortes entre ses composantes. Il ne peut même plus tolérer les ambitions de nouveaux concurrents comme ces oligarques russes ou ceux des ex-pays socialistes d’Europe, sans parler de ceux des pays dits émergents comme la Chine, les « Brics », et encore moins les rébellions des masses de tous ces pays.

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Du partenariat à l’affrontement armé

Aujourd’hui, l’OTAN présente comme un acte de légitime défense face à « une agression russe » sa propre participation au coup d’Etat en Ukraine, qui a conduit à l’installation de l’actuel gouvernement et à la présidence de Porochenko. Les politiciens atlantistes d’Europe font pression pour que l’Ukraine adhère complètement à l’Alliance. Les medias occultent systématiquement l’intervention déterminante de l’OTAN dans la guerre civile en Ukraine et présentent par contre comme « une annexion de la Crimée par la Russie » la massive volonté populaire de ce pays de réintégrer la Russie. Ils présentent aussi la rébellion des masses dans la région du Donbass et l’instauration d’une république populaire du Donbass comme une simple manipulation de la part de la Russie. A ce sommet de l’OTAN on voit que, malgré des divergences entre les pays membres sur la façon de s’organiser contre la Russie, ils vont tous finir par se soumettre à ces nouveaux critères, qui sont clairement des préparatifs de guerre contre la Russie.

Les relations entre l’Union Européenne et l’OTAN

La courte victoire du « Brexit » au referendum au Royaume-Uni ne signifiera pas pour autant des problèmes pour l’OTAN : cela ne va pas réduire les moyens militaires très importants que la Grande Bretagne continuera à mettre à disposition de l’Alliance Atlantique, en particulier le système militaire nucléaire naval du Trident. Mais cela signifie par contre une débâcle pour toutes les velléités de construire un « pilier européen » de l’OTAN. C’était le rêve en particulier des partis sociaux démocrates et des eurocommunistes. Il n’en reste plus rien.

L’Union Européenne, dirigée politiquement par la droite et le centre, vient de présenter par l’intermédiaire de Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l’Union, une « Stratégie Globale », juste avant ce sommet de Varsovie : c’est une déclaration d’intentions qui marque un renoncement à une politique de sécurité et de défense autonome, et la recherche de convergences toujours accrues entre l’UE et l’OTAN. En réalité, même si quelques paroles de chefs d’Etat européens à Varsovie laissent entendre qu’il faut continuer à « discuter » avec la Russie (comme François Hollande), aucun acte n’accompagne ces paroles et tous se sont ralliés à la décision d’une escalade agressive face à la Russie, et à la mise en place de dispositifs militaires importants et bien concrets pour renforcer son encerclement. La liste des Etats qui s’engagent à faire participer leurs soldats aux bataillons permanents dans les pays baltes et en Pologne est significative : Etats-Unis, Allemagne, Canada, Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, France, Danemark, Italie, Norvège, Turquie, Espagne (jusqu’à présent).

L’OTAN réaffirme son ambition de gendarme du monde

De nombreux chefs d’Etat, ou leurs représentants invités à ce sommet de l’OTAN, non seulement ne sont pas membres ni même candidats, et ne proviennent pas de pays européens : ils viennent d’Afghanistan, de Jordanie, des nombreux pays qui participent aux coalitions dites de lutte contre Daesh. Israël, l’Arabie Saoudite, les Emirats ne sont pas en reste, qui viennent d’installer leur représentation permanente et leurs bureaux au siège de l’OTAN à Bruxelles.

Les Posadistes – 9 juillet 2016