Lopez Obrador président du Mexique : de l’oxygène pour l’Amérique Latine

Il était temps que surgisse un Lopez Obrador, le nouveau président du Mexique, pour redonner de l’oxygène, pour réanimer les forces politiques progressistes latino-américaines et démontrer la fragilité des coups d’Etat institutionnels de Macri en Argentine et de Bolsonaro au Brésil.

En ce moment nous rappelons les analyses de J Posadas qui soulignait le caractère inégal et combiné du processus en Amérique Latine et mettait en lumière les caractéristiques du processus de la révolution permanente au Mexique, en qualifiant de « révolution interrompue » les périodes transitoires de gouvernements réactionnaires.

Tandis qu’un personnage comme Bolsonaro au Brésil lance des fanfaronnades typiques du nazi-néo-libéralisme pour effrayer le monde entier, un Obrador mexicain fait renaître les flammes du passé, de Pancho Villa et Zapata à Benito Juarez et Cardenas et présente un programme de 100 Points (voir note ci-dessous) afin de rompre avec les 36 ans de destructions néo-libérales et d’ouvrir une nouvelle ère au Mexique. Lopez Obrador, tout en manifestant un respect diplomatique pour le président antérieur, montre sa décision de changer radicalement le régime économique et social du Mexique et le libérer du joug des multinationales.

Du Brésil à l’Argentine, où il est urgent de récupérer les avancées des gouvernements progressistes antérieurs, il faut aussi prendre en compte et accompagner dès maintenant l’expérience de Lopez Obrador et du peuple mexicain. Le Mexique établit un programme exemplaire de mesures de gouvernement essentielles pour donner un support économique, social et politique, à un pouvoir populaire. Il faut prévoir aussi une énorme opposition du capital financier et des oligarchies. Mais déjà, ce programme représente un stimulant, une oxygénation pour la réorganisation de la gauche au Brésil et en Argentine. L’impulsion du Mexique arrivera par des vases communicants jusqu’au Brésil pour couper court au néofascisme libéral.

Lors de l’investiture de Lopez Obrador, une immense foule s’est rassemblée sur la place du Zócalo à Mexico, avec une multitude de gens issus des populations indigènes qui ovationnaient Obrador quand il disait : « Nous allons récupérer le pétrole comme l’a fait le général Cardenas », « en finir avec la pensée des ex-présidents », « nous allons enquêter jusqu’à trouver les responsables de la disparition des 43 étudiants de Ayotzinapa ».

Obrador-foto-Getty-Images

Parmi les 100 Points, soulignons ceux à caractère socio-économique : fin au chômage des jeunes, indexation automatique des salaires en fonction de l’inflation, pensions garanties aux personnes âgées et handicapées physiques, soins de santé et médicaments gratuits, investissements massifs dans les travaux publics et le transport ferroviaire. Deux autres points remarquables : la guerre à la corruption et le thème insécurité et violence.

Le thème de la corruption 

Ce thème est inhérent à un pays où le principal responsable de cette corruption est la structure mafieuse générée par des intérêts économiques puissants et leurs tentacules internationaux. Attaquer la corruption au Mexique, c’est combattre globalement le régime économico-social privatisant et néo-libéral en vigueur. C’est ce que se propose Obrador. Le sens de son attaque à la corruption n’est pas le même que celui utilisé par les putschistes brésiliens ou argentins pour lesquels la guerre juridique a un sens unique de criminalisation de la gauche, du PT ou du « Kirchnérisme ».

C’est ainsi qu’Obrador montre du doigt la corruption des hautes sphères du pouvoir (les militaires, les juges, le ministère public), qui ont engendré un mécanisme social vicié dans lequel la « mordida »  est devenue la norme dans les rues et dans tout l’espace public, tout comme la contrebande aux frontières du pays. La mordida – c’est-à-dire la morsure – est un profit obtenu d’un particulier par un fonctionnaire ou employé public abusant des attributions de sa charge. C’est le même processus que le gouvernement Maduro du Venezuela essaye de combattre : les contrebandiers aux frontières et les saboteurs des produits subventionnés par l’Etat, appuyés par la mafia contre-révolutionnaire.

Le thème de l’insécurité et de la violence 

Il ne s’agit pas d’un simple slogan électoral comme ceux agités par les gouvernements réactionnaires d’Argentine et du Brésil. Ces derniers inondent les rues de policiers, achètent des armes aux Etats-Unis ou à Israël pour réprimer les mouvements sociaux d’opposition. Ils assurent la sécurité de réunions comme celles du G20 à Buenos Aires en bloquant toute la ville avec 22.000 agents de protection, et inventent des lois qui donnent le droit à la police d’avoir la « gâchette facile », de tirer à bout portant dans les côtes d’un voleur de quartier et de garantir l’impunité des policiers. Ces gouvernements réactionnaires ont créé une sorte de culture de la terreur, de la peur, et mènent une soi-disant lutte contre la violence pour justifier la croissance des moyens de répression du peuple.

Lopez Obrador affronte directement le problème de l’insécurité qui est réel, pour lui donner une solution de fond, en combattant la dégradation des conditions de vie et le chômage qui écrasent le peuple mexicain. C’est la société entière, des plus pauvres à la classe moyenne, qui est victime de cette violence.

Au Brésil, la droite a pu gagner les élections en obtenant les voix d’une classe moyenne terrorisée par la violence. Plus de 100.000 morts en un an. C’était une faille de la gauche de ne pas assumer cette question. Par contre, le président Lopez Obrador dès son investiture est prêt à écouter la voix du peuple et à faire front aux problèmes immédiats qui l’affligent en attaquant le problème à sa racine, c’est-à-dire le pouvoir économico-politique de la grande bourgeoisie.

La réforme des forces armées 

La réforme des forces armées est également un thème pris à bras le corps par le président mexicain comme une arme de lutte contre l’insécurité et la violence. Il fait appel à la création d’une Garde Nationale en se basant sur une réforme de la Constitution. Il fait appel aussi à l’Armée pour qu’elle se joigne à cette nouvelle Garde Nationale avec les différentes polices pour assurer la sécurité publique.

L’armée mexicaine est composée de paysans et de gens simples. Les appels d’Obrador tendent à restaurer leur confiance dans leur rôle de soldats du peuple en défense de la souveraineté nationale. Cela ouvre la voie à une union civico-militaire contre le néo-libéralisme dans ce Mexique où le général Cardenas a laissé un très important héritage nationaliste révolutionnaire.

Le discours aux forces armées est en fait un dialogue avec des serviteurs de la patrie pour les gagner à une mission noble et humanitaire, de défense du bien public et non de guerre et de répression du peuple. Il est essentiel de gagner l’armée pour s’opposer aux forces politiques de la droite hostiles au projet populaire, et qui peuvent se lancer dans une voie anti-démocratique et putschiste.

Le Mexique ouvre une nouvelle ère pour toute l’Amérique Latine, en rouvrant les portes aux médecins cubains (alors que Bolsonaro vient de les expulser du Brésil), en renforçant les BRICS à côté des Russes et des Chinois. Et le Mexique a déjà averti qu’il ne permettra pas une intervention militaire contre le Venezuela.

Le Mexique avec la présidence de Lopez Obrador est un porteur d’espoir pour le Brésil. Son appel à une démocratie participative du peuple pour dépasser la démocratie représentative et parlementaire est un appui très important pour garantir la réalisation des 100 Points et reconstruire un Mexique nouveau et souverain.

Les Posadistes – 30 Décembre 2018

 

 LES 100 POINTS DU PROGRAMME DE LOPEZ OBRADOR (3.12.2018) :

  1. Tout d’abord, nous allons accorder une attention particulière aux peuples indigènes du Mexique. C’est une ignominie que nos peuples originaires vivent depuis des siècles sous l’oppression et le racisme, avec la pauvreté et la marginalisation sur le dos. Les peuples indigènes des diverses cultures du pays auront dans tous les programmes du Gouvernement une place de choix.
  2. On s’occupera de tous les Mexicains sans tenir compte des croyances, des classes, des organisations, du sexe, des partis, des secteurs économiques auxquels ils appartiennent ou culturels mais on appliquera le principe que, pour le bien de tous, d’abord, les pauvres.
  3. On conservera les centres d’accueil pour les enfants de l’ancien Secrétariat au Développement Social et on officialisera les CENDIS mis en place par le Parti du Travail. Les 2 programmes auront des ressources garanties dans le budget et feront partie des ministères du Bien-être et de l’Education Publique.
  4. Les élèves du Primaire et du Secondaire qui viennent de familles à faibles revenus recevront des bourses.
  5. Tous les élèves des Lycées, des écoles techniques, des collèges techniques et des écoles préparatoires publiques recevront une bourse de 800 pesos par mois.
  6. 300 000 jeunes pauvres qui entrent ou font des études à l’université auront droit à une bourse de 2400 pesos par mois.
  7. En 2019, 100 universités publiques fonctionneront avec des cours correspondant à chaque région pour donner une éducation de qualité sans frais de scolarité à 64 000 étudiants.
  8. On protègera le patrimoine culturel du Mexique. On stimulera la formation artistique à partir de l’éducation de base et on soutiendra les créateurs et ceux qui stimulent la culture.
  9. On encouragera la recherche scientifique et technologique, on soutiendra les étudiants et les professeurs avec des bourses et d’autres stimulants pour le bien des connaissances. Le Conacyt coordonnera le Plan National pour l’Innovation au profit de la société et du développement du pays avec la participation des universités, des peuples, des scientifiques et des entreprises.
  10. Ce qu’on appelle la Réforme de l’Education sera annulée. On stipulera dans l’article 3 de la Constitution le droit à l’éducation gratuite à tous les niveaux de la scolarité et le Gouvernement ne fera jamais plus de tort aux enseignants.
  11. Aujourd’hui commence le plan de soutien aux sinistrés des séismes dans le travail, le logement et les services publics. Cela comprend un programme de construction et de reconstruction d’écoles, de centres de santé, d’édifices publics et de temples qui font partie du patrimoine culturel du pays.
  12. Aujourd’hui commence également un programme d’amélioration de la ville dans des zones marginalisées de la frontière nord : Tijuana, Mexicali, San Luis Río Colorado, Nogales, Ciudad Juárez, Acuña, Piedras Negras, Nuevo Laredo, Reynosa y Matamoros.
  13. Le droit à la santé deviendra réalité. L’objectif est de garantir aux Mexicains les soins médicaux et les médicaments gratuits. Nous commencerons par les unités médicales du Secours Social situées dans les zones les plus pauvres du pays et peu à peu ce programme sera étendu jusqu’à ce que nous arrivions, dans 3 ans, à établir un système de santé primaire comme au Canada ou dans les pays nordiques.
  14. Les salaires des hauts fonctionnaires baisseront et les salaires des travailleurs de base et syndiqués qui gagnent moins de 20 000 pesos par mois augmenteront proportionnellement.
  15. On augmentera la retraite des vieux dans tout le pays, c’est à dire que chacun touchera 1 274 pesos par mois.
  16. Recevront aussi ce soutien 1 000 000 de handicapés pauvres, en particulier les enfants des peuples et des colonies marginalisés.
  17. 2 300 000 jeunes chômeurs seront engagés pour travailler comme apprentis dans des activités de production dans les champs et en ville et gagneront 3 600 pesos par mois.
  18. Ce mois-ci, nous commençons la construction de chemins en béton dans les municipalités oubliées d’Oaxaca, de Guerrero et dans d’autres états. Ces chemins seront construits par des travailleurs de ces communautés pour avoir un effet multiplicateur : le budget restera le même, on réactivera l’économie depuis la base, on créera des emplois avec des salaires justes et les travaux se feront au profit des peuples.
  19. Les petits producteurs des champs, les membres des coopératives, des communes ou les petits propriétaires recevront un soutien économique semestriel pour semer des aliments.
  20. L’année prochaine sera mis en place un programme d’attribution de fertilisants aux producteurs agricoles, en faisant attention à ce qu’ils n’endommagent pas les sols. Ce programme s’appliquera gratuitement à tous les paysans de l’état de Guerrero, puis nous l’élargirons à tout le reste du pays. De plus, nous aurons rapidement assez de matière première et l’usine de fertilisants de Coatzacoalcos, Veracruz, commencera à fonctionner.
  21. Aux petits producteurs de maïs, de haricots, de riz, de blé et de lait, nous achèterons leurs produits à des prix garantis dans les magasins ou les dépôts de Diconsa et de Liconsa.
  22. On stimulera la pêche pour améliorer la vie des communautés qui vivent sur les côtes et au bord des rivières. Les pêcheurs de thons et de sardines recevront un prix juste pour leurs produits.
  23. On a déjà commencé à se préparer à planter dans les 2 prochaines années des arbres fruitiers et des arbres à bois sur 1 000 000 d’hectares pour produire des aliments, replanter de la forêt, améliorer l’environnement, créer 4 00 000 emplois et enraciner les gens dans leurs communautés d’origine.
  24. Diconsa et Liconsa seront réunies en une seule entreprise pour l’approvisionnement et la distribution des aliments que le peuple consomme. Cette entreprise s’appellera Sécurité Alimentaire Mexicaine (SEGALMEX). Dans les magasins, les boutiques et les laiteries de cette entreprise, on distribuera un panier d’aliments de base à bas prix pour combattre la malnutrition et la faim du peuple.
  25. On accordera des crédits sur parole et sans intérêts aux membres des coopératives, des communes et aux petits propriétaires pour qu’ils achètent de jeunes taureaux, des vaches et des étalons.
  26. Les artisans, les chefs d’ateliers, les magasins et les petites entreprises auront aussi droit à des crédits sur parole, à bas taux et sans autant de formalités et de perte de temps.
  27. On transfèrera aux communautés minières l’impôt que les entreprises paient sur l’extraction du minerai.
  28. Le prix de l’essence, du gaz, du diesel et de l’électricité n’augmentera pas. On appliquera seulement le taux d’inflation, c’est-à-dire qu’il n’y aura pas de « gasolinazos. »
  29. Les soutiens que le gouvernement accorde au peuple seront remis directement, sans intermédiaires pour éviter les pots de vin, la corruption et la manipulation politique. C’est pourquoi on fait un recensement maison par maison pour identifier chaque bénéficiaire, lui remettre une carte pour qu’il retire lui-même ses aides.
  30. On créera la Banque du Bien-être pour que les gens pauvres, même des villages les plus écartés, puissent avoir l’aide du Gouvernement et sur ce même compte puissent recevoir des envois d’argent et d’autres revenus et conserver leur épargne avec un rendement et des garanties de sécurité.
  31. L’augmentation du budget pour financer les programmes de bien-être sera couverte par des économies pour éviter la corruption et gouverner avec l’austérité républicaine.
  32. Les impôts n’augmenteront pas plus que l’inflation et de nouveaux impôts ne seront pas créés. Nous n’augmenterons pas non plus la dette publique. Nous ne dépenserons pas plus que ce qui rentre dans les finances publiques.
  33. Nous respecterons l’autonomie de la Banque du Mexique et de ses politiques pour éviter l’inflation ou des dévaluations.
  34. On appliquera une politique stricte d’austérité républicaine. Il n’y aura pas de copinage, de népotisme ou de luttes d’influence, aucun de ces fléaux de la politique. La liste du personnel et les biens des fonctionnaires publics et des membres de leur famille proche seront transparents. Nous ferons peu, très peu de voyages à l’étranger et seulement quand ce sera justifié. Nous n’achèterons pas de nouveaux véhicules pour les fonctionnaires. Seuls les fonctionnaires responsables de la sécurité auront une escorte. Il n’y aura que 3 conseillers par ministère. Il n’y aura pas de soins médicaux privés ni de caisse d’épargne réservée aux fonctionnaires.
  35. On n’achètera pas de système de calcul la première année.
  36. Seuls les fonctionnaires membres du cabinet élargi auront un secrétaire particulier.
  37. On annulera les fidéicommis ou tout autre mécanisme utilisé pour cacher des fonds publics et ne pas respecter la légalité et la transparence.
  38. Toutes les structures et tous les programmes qui font double emploi seront supprimés (administrations générales, bureaux de presse, publications, défense juridique, achats, inspection interne et autres) et ces fonctions ou ces programmes seront centralisés en une seule unité ou une seule coordination qui dépendra du ministère concerné par les affaires en question.
  39. On réduira de 50% les dépenses de publicité du Gouvernement.
  40. Les fonctionnaires des ministères des Finances, des Communications, de l’énergie et autres ne pourront pas organiser ensemble des fêtes, des repas, des jeux sportifs ou voyager avec des entrepreneurs, de gros contribuables, des fournisseurs ou des investisseurs liés à la fonction publique.
  41. Aucun fonctionnaire public ne pourra faire travailler à son domicile des travailleurs au service de l’Etat s’il n’en a pas la permission ou l’autorisation.
  42. Aucun fonctionnaire ne pourra ordonner le barrage de rues, arrêter le trafic ou passer par-dessus ou stationner à des endroits interdits.
  43. On n’achètera aucune marchandise qui se trouve dans les magasins public en quantité suffisante.
  44. Les bureaux ne seront pas refaits, on n’achètera pas de mobilier de luxe.
  45. Seuls les ministres et les vice-ministres auront un chauffeur.
  46. Les policiers et les militaires des diverses corporations ne seront pas au service de fonctionnaires ou de particuliers sauf si c’est pleinement justifié.
  47. Seront éliminés les frais de garde-robe ou toute dépense protocolaire et concernant les cérémonies, le Président, ses collaborateurs proches et les membres de sa famille.
  48. On prendra soin du mobilier des bureaux mis à la disposition des services publics pour protéger le patrimoine collectif.
  49. On évitera les dépenses inutiles à l’étranger. Les seuls bureaux du Gouvernement seront les ambassades et les consulats. Il n’y aura qu’une délégation du Gouvernement Fédéral dans les états et dans tous les bureaux, on économisera l’électricité, l’eau, les services téléphoniques, l’internet, l’essence et les autres fournitures payées par le Trésor.
  50. On traitera les citoyens avec amabilité dans les bureaux publics et en tout lieu en acceptant humblement le fait que ce sont eux qui nous commandent nous, les serviteurs publics.
  51. Les achats du Gouvernement devront être confirmés par une convocation et par l’observation des citoyens et du bureau de la transparence de l’ONU.
  52. Les contrats de travaux du Gouvernement seront menés à bien avec la participation des citoyens et d’observateurs de l’ONU.
  53. On n’autorisera pas l’engagement de bureaux pour élaborer des projets de loi, des plans de développement ou n’importe quelle sorte d’analyses, de recommandations, de rapports et autres documents qui peuvent être élaborés grâce au travail et aux capacités professionnelles des serviteurs publics.
  54. Le Gouvernement Fédéral sera décentralisé et les différents ministères seront situés dans différents états de la République parce que tout le pays est le Mexique. Ce processus sera mené à bien de façon volontaire, sans porter préjudice aux travailleurs au service de l’Etat. Au contraire, ils auront des opportunités pour acheter des logements, pour l’éducation de leurs enfants, les soins médicaux et la sécurité sociale.
  55. Il y aura un authentique Etat de Droit. Il ne sera permis à personne de violer la Constitution et les lois, il n’y aura pas d’impunité, de passe-droit ou de privilèges.
  56. On en finira avec l’impunité. On reformera l’article 108 de la Constitution pour que le Président en exercice puisse être jugé pour n’importe quel délit qu’il ait commis comme n’importe quel citoyen.
  57. Seront interdits et deviendront des délits graves sans possibilité de caution la corruption, le vol de combustible, le port illégal d’arme à feu, la falsification de factures destinée à l’évasion fiscale, la fraude électorale, l’achat de voix et l’utilisation d’un budget destiné à favoriser des candidats ou des partis.
  58. Aucune partie des budgets ne sera mise à la disposition de députés ou de sénateurs. On en finira avec la honteuse pratique de ce qu’on appelle « les pots de vin. »
  59. Aucun fonctionnaire public ne pourra recevoir de cadeau d’une valeur supérieure à 5 000 pesos.
  60. Dans les relations commerciales ou financières avec des entreprises internationales, on donnera la préférence à celles qui sont originaires de pays, dont les Gouvernements se caractérisent par leur honnêteté et punissent sans aucune tolérance les pratiques de subornation ou de corruption.
  61. Dès aujourd’hui sont ouvertes les portes de Los Pinos, qui a cessé d’être la résidence officielle du Président, pour devenir un lieu consacré aux loisirs, à l’art et à la culture du peuple.
  62. .L’Etat-Major du Président a déjà commencé à faire partie du Ministère de la Défense. Le Cisen disparaît de la même façon. Il n’y aura pas d’espionnage des opposants ni des citoyens et le bureau qui lui succèdera aura pour seule charge les tâches de renseignement destinées à garantir la paix et à préserver la sécurité nationale.
  63. L’avion présidentiel est en vente ainsi que toute la flotte d’avions et d’hélicoptères qui étaient utilisés pour transporter les hauts fonctionnaires publics.
  64. Les ex-présidents ne toucheront plus de pension et n’auront plus de fonctionnaires publics à leur service, qu’ils soient civils ou militaires.
  65. Il n’y aura pas d’inspecteurs de la voie publique qui contrôlent des commerces, des entreprises ou des entreprises de services. Nous allons faire confiance aux citoyens et un programme de surveillance par tirage au sort sera mis en place. On évitera la subornation et les pots-de-vin. Nous accorderons notre confiance aux citoyens qui, grâce à des déclarations sous serment, agiront avec rectitude et prendront leurs responsabilités.
  66. Nous réaffirmons que nous ne sommes pas contre ceux qui investissent, génèrent des emplois et s’engagent dans le développement du Mexique mais contre la richesse mal acquise.
  67. Le tourisme sera encouragé pour stimuler le développement et créer des emplois. Dès ce mois-ci débutera un programme d’amélioration de la ville dans les colonies marginalisées de 5 centres touristiques : Los Cabos, Puerto Vallarta, Bahía de Banderas, Acapulco et Solidaridad.
  68. On construira le Train Maya pour transporter par ce moyen de transport rapide et moderne les touristes et les passagers mexicains dans les états du Chiapas, de Tabasco, de Campeche, du Yucatán et de Quintana Roo.
  69. On créera un corridor économique et commercial dans l’Isthme de Tehuantepec qui assurera la liaison avec l’Asie et la côte est des Etats-Unis. On construira une voie ferrée pour les conteneurs, on élargira la route, on réhabilitera les ports de Salina Cruz et Coatzacoalcos, ils assureront l’approvisionnement de la région en pétrole, gaz, eau, câbles et électricité, on installera des usines d’assemblage et des manufactures et il y aura des subventions fiscales pour encourager l’investissement et créer des emplois.
  70. Nous allons destiner la plupart des investissements publics à produire en urgence plus de pétrole, de gaz et d’électricité et ainsi affronter la crise que les politiques néolibérales et les responsables de ce qu’on appelle la réforme énergétique nous ont laissée. J’appelle les techniciens et les ouvriers du pétrole, en activité ou à la retraite, à agir avec patriotisme comme cela s’est fait au temps du général Lázaro Cárdenas pour que nous sauvions à nouveau l’industrie pétrolière nationale.
  71. On réhabilitera les 6 raffineries existantes et on commencera, dans quelques jours, la construction d’une nouvelle raffinerie à Dos Bocas, Paraíso, Tabasco, pour que dans 3 ans le Mexique produise toute l’essence que nous consommons.
  72. On arrêtera le plan de démantèlement de la Commission Fédérale d’Electricité. Plus une usine ne sera fermée, au contraire, celles qui existent seront modernisées et on portera une attention particulière aux usines hydroélectriques pour qu’elles produisent plus d’énergie propre à moindre coût.
  73. Nous stimulerons le développement de sources d’énergie alternatives renouvelables comme l’énergie éolienne, solaire, géothermique et marémotrice.
  74. Nous protègerons la diversité biologique et culturelle du Mexique. Nous stimulerons les pratiques agro-écologiques qui augmentent la productivité sans causer de dommages à la nature.
  75. Nous n’utiliserons pas de méthodes d’extraction de matières premières qui causent des dommages à la nature et épuisent les sources d’eau comme le fracking.
  76. Nous n’autoriserons aucun projet économique, de production, commercial ou touristique, qui cause des dommages à l’environnement. On évitera la contamination du sol, de l’eau et de l’air et on protègera la flore et la faune. L’eau ne sera pas privatisée.
  77. Il y aura une couverture universelle des télécommunications et le pays sera connecté à internet en utilisant les infrastructures et les lignes de la Commission Fédérale d’Electricité. Ce service sera gratuit sur les routes, les places, dans les écoles, les hôpitaux et les installations publiques.
  78. Le problème de la saturation de l’actuel aéroport de Mexico sera finalement résolu dans 3 ans. D’ici là, les voies publiques, 2 nouvelles pistes et le terminal de passagers sur la base aérienne de Santa Lucía, grâce auquel sera sauvé le Lac de Texcoco et qui nous fera économiser 100 000 millions de pesos, continueront à fonctionner.
  79. Le 1er janvier sera créée la zone libre sur les 3 180 Km de frontière avec les Etats-Unis, c’est-à-dire que l’année prochaine, sur cette bande de notre pays, on stimulera des activités de production, l’investissement, des emplois seront créés, on baissera la TVA de 16% à 8% et l’Impôt sur le Revenu sera de 20%. Les combustibles coûteront le même prix des 2 côtés de la frontière et le salaire minimum sera doublé.
  80. Le salaire minimum ne sera jamais fixé au-dessous de l’inflation comme c’est arrivé pendant la période néolibérale.
  81. On réformera l’article 35 de la Constitution pour enlever tous les obstacles et les verrous mis à la célébration de consultations citoyennes, pour que le peuple ait toujours le droit de participer aux décisions d’intérêt général.
  82. Je respecterai mon engagement de me soumettre à la révocation de mandat. Le 1er dimanche de juillet 2021, il y aura une consultation pour demander aux Mexicains si je dois rester président ou démissionner parce que comme je le crois et je l’ai souvent dit, le peuple donne et le peuple enlève, le peuple est souverain.
  83. Il n’y aura pas de divorce entre le pouvoir et le peuple. Je ne perdrai jamais le contact avec vous, avec les gens. Je serai pendant 5 jours de la semaine dans les municipalités et les états du pays pour recueillir les sentiments du peuple en résolvant les problèmes et en évaluant les avancées des programmes de développement et de bien-être.
  84. Tous les jours, à partir de lundi prochain, dès 6 heures du matin, je présiderai au Palais National la réunion du Cabinet de Sécurité pour garantir la paix et la tranquillité des Mexicains.
  85. On créera, si le peuple et le Congrès l’approuvent, une Garde Nationale pour garantir la sécurité publique dans le pays.
  86. On va constituer 266 coordinations de sécurité publique dans tout le pays sous la responsabilité de la Garde Nationale pour protéger les citoyens qui sont victimes d’assassinats, d’enlèvements, de vols et d’autres délits.
  87. Le Président de la République, conformément à la loi, est le Commandant Suprême des Forces Armées et ne donnera jamais l’ordre à l’Armée ou à la Marine de massacrer le peuple. La guerre s’achèvera, nous construirons la paix et nous rechercherons la fraternité entre tous les Mexicains.
  88. Aujourd’hui débute le processus d’amnistie destiné à remettre en liberté des prisonniers politiques ou des victimes de représailles de la part de caciques, de fonctionnaires ou de gouvernants de l’ancien régime autoritaire. Les accusations pénales fabriquées contre des activistes et des combattants sociaux seront annulées. Le Secrétariat du Gouvernement a à sa charge de faire de cette intention une réalité.
  89. On enquêtera à fond sur la disparition des jeunes d’Ayotzinapa, on connaîtra la vérité et on punira les coupables.
  90. On respectera la liberté d’expression. Jamais le Gouvernement n’appliquera de censure à aucun journaliste ou média.
  91. Le Ministère de la Justice sera dans les faits complètement autonome. Il ne recevra pas de consignes du Président de la République et ses pratiques seront conformes au principe du droit libéral : « Rien en marge de la loi et personne au-dessus de la loi. »
  92. Nous aurons des relations de respect avec le Pouvoir Législatif et le Pouvoir Judiciaire, et le Pouvoir Exécutif cessera d’être le superpouvoir.
  93. Ce soir est entré en vigueur le Plan de Protection Civile, l’ABC des cas d’incendie, d’inondations, de tremblements de terre et d’autres désastres.
  94. La politique étrangère sera menée avec la prudence diplomatique et conformément aux principes d’auto-détermination des peuples, de non intervention, de résolution pacifique des conflits, de l’égalité juridique des Etats, de coopération pour le développement, l’amitié, la paix, la défense des Droits de l’Homme, la protection de l’environnement et le respect des droits des migrants : les nôtres, ceux d’Amérique Centrale et ceux de tous les pays et de tous les continents.
  95. Les relations avec le Gouvernement des Etats-Unis seront des relations de respect, de bénéfice mutuel et de bon voisinage. C’est le moment de faire évoluer la relation bilatérale vers la coopération pour le développement. Créer des emplois au Mexique et en Amérique Centrale est la solution à l’immigration, pas les mesures coercitives.
  96. Comme nous nous y sommes engagés, les 50 consulats que le Mexique a aux Etats-Unis vont devenir des bureaux de défense des migrants. Nous allons défendre les Droits de l’Homme de nos compatriotes.
  97. On obtiendra la renaissance du Mexique en faisant une réalité du progrès avec la justice et une façon de vivre qui s’appuie sur l’amour de la famille, du prochain, de la nature, de la Patrie et de l’humanité. Nous stimulerons le bien-être matériel et le bien-être de l’âme.
  98. On garantira la libre manifestation des idées et des croyances religieuses et la liberté de la presse. Nous sommes pour le dialogue, la tolérance, la diversité et le respect des Droits de l’Homme.
  99. Nous allons inviter les maîtres, les anthropologues, les psychologues, les sociologues, les philosophes et les professionnels d’autres disciplines ainsi que les religieux, les libres penseurs, les anciens respectables et les citoyens en général à organiser un congrès qui élaborera une Constitution Morale qui aide à renforcer les valeurs nationales, culturelles et spirituelles.
  100. De même, nous allons préserver notre mémoire historique. On encouragera la lecture en général et en particulier la lecture de l’histoire, le civisme, l’éthique. On n’oubliera jamais d’où nous venons, c’est pourquoi nous exalterons nos cultures originelles, les transformations historiques et le sacrifice de nos héros : par exemple, l’année prochaine, il y aura 100 ans qu’Emiliano Zapata a été assassiné. Sur tous les papiers du Gouvernement, on rappellera son nom et son slogan : « Terre et Liberté. »