L’OTAN a été conçue en 1949 comme une machine de guerre pour combattre et détruire l’Union Soviétique. Lors de son lancement, le secrétaire général, le Belge Paul Henri Spaak, a crié : « Nous avons peur de l’URSS ». Le Partisan Sandro Pertini déclarait au parlement italien : « … Nous avons voté NON parce que l’OTAN est une organisation militaire réactionnaire qui a l’intention d’attaquer l’URSS, qui nous a libérés du nazisme… ”. En réalité, les gouvernements des pays capitalistes vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale considéraient l’Union Soviétique non seulement comme un concurrent mais fondamentalement comme un ennemi « systémique » et leur crainte essentielle était d’être évincés de l’histoire par un régime social, économique, politique supérieur, celui de l’Union soviétique.
Ce sont les États-Unis qui avaient imposé une telle caractéristique à l’OTAN. Ils ont aussi été les premiers à fabriquer la bombe atomique et les seuls jusqu’à présent à la lancer. Ils l’ont fait sur Hiroshima et Nagasaki, non pour forcer les Japonais à capituler mais pour arrêter l’avancée de l’armée soviétique vers le Japon. Dès la fin de la Guerre signée les 8 et 9 mai 1945, ils détruisirent, en août de la même année, les deux villes japonaises, causant des centaines de milliers de morts, de blessés et de contaminations à vie dans la population civile. Les premiers commandements et escouades spéciales des Etats-Unis étaient constitués d’anciens dirigeants nazis, collaborateurs des régimes hitlérien et mussolinien qu’ils ont sauvés des différents tribunaux qui cherchaient à imposer la justice dans une Europe dévastée.
Depuis sa création en 1949 l’OTAN n’a cessé de « s’étendre », passant de 12 États membres à 30 aujourd’hui et bientôt à 32 si l’on compte la Finlande et la Suède, qui ont demandé à y adhérer. Sous commandement américain, l’Alliance n’a jamais cessé de provoquer ou de soutenir des guerres et des coups d’État dans le monde entier, de la guerre de Corée, du Vietnam, de la Yougoslavie, à l’annexion des anciens pays socialistes d’Europe. Dans les principaux pays européens, sa présence militaire, à travers des bases, des soldats et des espions, a constitué un soutien substantiel aux formations terroristes d’extrême droite. Sans aucun doute, elle a accordé un ferme soutien aux dictatures du Portugal (Salazar), de l’Espagne (Franco) et de la Grèce (régime des colonels). En Italie, sa présence a été confirmée par des dizaines d’enquêtes judiciaires sur les différentes tentatives de coups d’État, attentats et persécutions de communistes, socialistes et syndicalistes. Quelques cinq mille victimes de la « stratégie de la tension » sont estimées dans les années 60 et 70 du siècle dernier.
Son apogée semble avoir été atteinte avec la dissolution de l’Union Soviétique en 1991. Cela semblait « la fin de l’histoire ». La Fédération de Russie naissante, avec Eltsine, demande et obtient un partenariat avec l’OTAN. Le Pacte de Varsovie (qui comprenait l’URSS, la RDA, l’Albanie, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Tchécoslovaquie) est dissout. Donc, l’OTAN aurait dû faire de même.
Cependant, les États-Unis et les pays occidentaux ont maintenu et développé sans cesse l’Alliance confirmant ainsi qu’il s’agissait bien d’une organisation contre les peuples, la gauche et les communistes d’Europe et du monde. Une alliance militaire qui inclut tous les grands pays capitalistes et les place dans la soumission à l’orientation nord-américaine, et qui leur permet une certaine « unité » malgré la diversité des intérêts, les concurrences entre leurs économies. Tous se rassemblent, face à « l’ennemi extérieur », créé à chaque occasion selon la convenance des États-Unis et de quelques-uns des pays les plus forts, comme la France ou l’Angleterre. C’est ainsi que l’OTAN s’étend jusqu’à l’hémisphère sud pour défendre les îles Malouines que les Britanniques ont spolié à la République argentine, ou attaquent la Libye de Kadhafi, coupable d’avoir organisé le démantèlement de ce qui restait du colonialisme français en Afrique.
Il y a quelques mois, plusieurs dirigeants des pays membres ont déclaré l’OTAN « obsolète », ou en état de « mort cérébrale », surtout après l’échec et la défaite de l’aventure en Afghanistan, d’où ils ont fui, abandonnant armes et ravitaillement. Le conflit en Ukraine semble avoir relancé l’OTAN. Le secteur impérialiste le plus puissant, à savoir les États-Unis, se dirige vers de nouvelles guerres et une monstrueuse course aux armements, et parvient à imposer aux secteurs les plus faibles (l’Union Européenne) de le suivre dans de nouveaux conflits et se réarmer comme l’Allemagne va le faire. Tous les pays membres de l’OTAN sont déterminés à augmenter leurs dépenses militaires à un minimum de 2% du PIB et aussi à réorganiser leurs armées, leurs armements et leur logistique pour avancer de commun accord dans l’encerclement et vers la destruction de la Russie et de la Chine.
De l’alliance militaire « atlantique » à l’internationale de la mort
Le système capitaliste dans son ensemble, et malgré ses conflits internes, se trouve totalement incapable de surmonter ses crises et d’apporter du progrès social aux populations du monde. La pandémie de covid-19 en a été l’exemple le plus flagrant, en raison des conséquences fatales pour les pauvres, tandis que la répartition des revenus est devenue immensément injuste en faveur des multinationales et des banques. Partout dans le monde, les masses exploitées et appauvries se rebellent constamment contre les injustices sociales et relancent les luttes pour les transformations sociales, de nouvelles avancées révolutionnaires se font sur tous les continents.
Le dernier sommet de l’OTAN (2020) avait reçu le président Ivan Duque avec tous les honneurs, considérant la participation de la Colombie (le premier pays d’Amérique latine à être invité à une réunion d’un si haut niveau) et son intégration prochaine comme un événement historique à l’Alliance. C’est là que l’opposition de Gustavo Petro et de Francia Marquez, majoritaires dans le pays, mène une campagne électorale persécutée et au péril de sa vie à chaque acte électoral. La photo de la clôture de la campagne est emblématique, où les deux leaders de gauche s’adressent à leurs partisans protégés par d’immenses boucliers anti-projectiles.
Le gouvernement Duque a été le fer de lance avec lequel l’impérialisme a attaqué le Venezuela, Cuba, le Nicaragua et d’autres gouvernements progressistes de la région. L’OTAN coordonne les forces de droite, les paramilitaires et les gangs de la drogue et des structures comme l’OEA pour « discipliner l’arrière-cour des États-Unis ».
L’océan Pacifique est le théâtre des nouvelles opérations et conquêtes de l’Alliance atlantique et le Japon et l’Australie rejoignent la nouvelle association, qui doit tenter de contenir la puissante croissance chinoise. Les premiers pas de l’OTAN dans le Pacifique ont montré toute la fragilité d’une unité basée sur des intérêts si divergents qui vont s’accroître à mesure que le nombre de pays qui la composent augmente. L’accélération et l’intensification de la politique de guerre signifient une limitation des intérêts, des droits et de la souveraineté de chacune des composantes.
La Suède et la Finlande devraient bien réfléchir avant de renoncer à leur (déjà très relative) neutralité. En Italie, la dernière élection du président de la république Mattarella, ou du premier ministre Draghi, met d’abord en lumière leur « fidélité atlantique ». Alors qu’en fait, ils devraient être fidèles à la Constitution nationale, obtenue grâce à la lutte pour la libération du fascisme et qui a été signée par les « constituants » communistes, socialistes et catholiques. Il n’aurait jamais pu être élu président dans les années 1980-1986, comme ce fut le cas pour Sandro Pertini qui se prononçait contre l’OTAN et qui proclamait « vouloir vider les arsenaux et remplir les granges du monde ».
L’OTAN se présente comme le seul rempart du système capitaliste contre les mobilisations et les rébellions des masses du monde. C’est pourquoi il ne va pas se dissoudre tout seul, au contraire il étend ses tentacules sur tous les continents. Il faut le détruire. Ce sont les États-Unis et leurs plus proches alliés qui définissent quels sont les champs de bataille
Après la chute de l’URSS, les ennemis abstraits ont suivi : « terrorisme international » ou « islamiste » qui sont progressivement remplacés par d’autres objectifs. Ces dernières années, l’orientation impérialiste et de l’OTAN a été dirigée contre la Chine, la Russie et plus encore après qu’elles aient élaboré un programme commun de développement économique, social et militaire. Le programme que les Chinois ont lancé avec la « Nouvelle Route de la soie » brise complètement l’hégémonie mondiale de l’impérialisme américain. Les pays les plus pauvres du monde acquièrent un rôle d’authentiques protagonistes au sein de ce gigantesque programme de développement.
Ce n’est pas du socialisme, il surgit dans le fonctionnement capitaliste. Mais, c’est une tentative sérieuse de répartition des richesses qui inclut des pays importants qui sont déjà membres d’associations telles que le Pacte de Shanghai, les Brics, Unasur, Alba. C’est ce qu’on appelle le « multilatéralisme » contre le vieil « unilatéralisme » auquel prétendent les États-Unis.
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage »
De la part des Yankees, ce n’est pas simplement un caprice ou une illusion d’hégémonie, c’est une nécessité de leur existence même en tant que régime capitaliste. L’État américain a une dette et un coût colossaux pour l’entretien de ses relations sociales, ne pouvant coexister avec l’Europe ou avec le Japon, il lui faudrait les éliminer tous les deux. Encore moins souscrire librement à la « Nouvelle Route de la soie », puisqu’ils sont venus, lors du récent Forum de Davos, défendre la nécessité d’une réduction de la population mondiale qu’il faudrait « contenir » en dessous de 3 milliards d’êtres humains ! « La société capitaliste porte en elle la guerre comme la nuée porte l’orage » disait Jean Jaurès. Sinon, les États-Unis se briseraient en mille morceaux, avec vingt États s’affrontant dans une guerre civile sans merci.
Depuis la chute de l’URSS en 1991, l’OTAN élabore un plan pour isoler Moscou, multiplie les provocations, les tentatives d’empêcher les ponts de coopération entre les pays capitalistes et la Russie. Là où elle a été la plus active, c’est dans les ex-États ouvriers, les pays baltes, la Pologne, la Hongrie et la Roumanie.
Depuis 2014, à la suite du coup d’État organisé par les États-Unis et l’OTAN, elle s’est concentrée sur l’Ukraine, un territoire idéal pour un conflit qui pourrait se cacher derrière un enjeu « national ». A cause des problèmes non résolus qui viennent de l’ère tsariste, de la faiblesse initiale de la révolution bolchevique et aussi à cause des dégâts causés par le stalinisme qui a exacerbé le nationalisme russe. La Pologne représente aujourd’hui les intérêts des Etats-Unis en Europe, c’est pourquoi elle déclare son intention de mener cette guerre aux conséquences les plus extrêmes, afin de donner « une leçon à la Russie, afin qu’elle ne puisse plus jamais mener une autre aventure de ce genre ».
L’Ukraine a fait partie de l’URSS jusqu’en 1991. L’OTAN veut étendre « son » territoire. La cible c’est aussi la Chine, mais la puissance militaire à battre reste la Russie. Elle s’incruste en Ukraine pour y installer des bases militaires, fournit des armes nucléaires à longue portée, des missiles, restructure une armée ukrainienne de fond en comble, provoque un coup d’État en 2014, et finit par mettre un pantin comme Zelensky à la tête d’un gouvernement, provoquant une guerre civile en Ukraine et les massacres des populations du Donbass. Chaque discours de Zelensky, richement payé pour faire des visioconférences aux parlements de l’UE, des Etats-Unis, au conclave de Davos, est un appel à reconquérir la Crimée, le Donbass, à multiplier les sanctions économiques pour affaiblir et détruire la Russie.
Ce n’est pas à cause d’une « volonté impérialiste » soudaine que le président Poutine, le gouvernement, le parlement russe (y compris la forte opposition communiste) et l’armée sont intervenus en Ukraine. Ce n’est pas une ambition des oligarques mais l’intérêt légitime du peuple russe à défendre sa sécurité, son intégrité territoriale et ses droits. Des droits qui dans l’histoire du pays sont incontestablement liés à l’expérience de la révolution socialiste et de l’URSS et partiellement récupérés ces dernières années, après le chaos qui a suivi sa dissolution. Surtout quand l’attaque vient ouvertement d’une armée qui invoque le nazisme et d’un gouvernement totalement anti-démocratique qui réclame son intégration dans l’Union européenne, piétinant le drapeau de l’URSS, qui l’a libérée du terrorisme de masse qu’ont été les régimes de Hitler et de Mussolini.
En URSS, à Stalingrad et Leningrad, environ 25 millions de personnes ont donné leur vie pour vaincre le fascisme. Comment prétendre que les enfants et petits-enfants de ces héros peuvent vivre en paix sachant que, à leurs frontières, d’anciens et de nouveaux collaborateurs du nazisme opèrent librement, comme ils le font dans le Donbass, réprimant et opprimant la population de langue et d’origine russes.
Front uni contre le régime de guerre, pour les transformations sociales et la planification économique mondiale
Le nouveau concept stratégique de l’OTAN ne considère plus la « lutte contre le terrorisme » comme son objectif principal, mais la Russie est l’ennemi « systémique », et maintenant la Chine est également ajoutée comme ennemi « systémique ». Les décisions qui seront adoptées à Madrid signifieront un nouveau visage pour l’Europe, en tant que gardienne des intérêts des multinationales, des banques et de l’industrie militaire.
Le « Nouveau Concept Stratégique » de l’OTAN, en plus de désigner la Russie comme un ennemi immédiat, au lieu du « terrorisme international », place également la Chine dans son viseur. Il revendique le droit de frapper en premier, même avec des armes nucléaires.
Outre le scénario territorial traditionnel, l’OTAN revendique sa compétence dans les médias, les grandes infrastructures, la production d’énergie, atteignant la question du réchauffement climatique.
De tels enjeux et arguments nécessiteraient l’articulation entre institutions nationales et organisations internationales, et notamment au sein de l’ONU, alors que le « nouveau concept stratégique » de l’OTAN relègue l’ONU à une simple coentreprise, dans laquelle l’Alliance Atlantique entend imposer ses propres « priorités ».
Dans le domaine de la « transition écologique » il s’agirait de protéger les multinationales responsables d’importantes atteintes à l’environnement. Le régime « unilatéral », guide des États-Unis depuis une trentaine d’années, entend s’imposer par la force au sommet de l’OTAN à Madrid, bien qu’il soit fortement contesté avec la croissance de nouveaux centres et systèmes intégrés par des pays dans diverses parties du monde
Il faut organiser un front mondial pour proposer la création d’un nouvel ordre mondial qui établisse des règles démocratiques, il faut dissoudre l’OTAN, abolir tout partenariat des pays avec cette machine de guerre, fermer toutes les bases militaires américaines et de l’OTAN.
Un programme mondial commun est nécessaire pour planifier des économies basées sur les besoins des peuples et par la coopération, la solidarité et les transformations sociales.
Les Posadistes – 22 juin 2022
Photo 1re page : le début de la manifestation à Madrid du contre-sommet de l’OTAN le 25 juin 2022