Le discours de Lula à Belo Horizonte, lors de la commémoration des 35 ans d’existence du PT a une signification importante. Il reconnaît la contribution historique du parti à la démocratie et aux avancées sociales au travers de la gestion « pétiste » des gouvernements municipaux, régionaux et au niveau fédéral.
Le cadre politique actuel est très complexe, essentiellement à cause de l’ambiance de mensonges diffusés par les medias. Faire de la politique n’est déjà pas une chose facile, mais le faire avec la majorité des medias qui veulent détruire le PT requiert un parti avec une vie politique très intense à tous les niveaux. Il ne s’agit pas seulement d’appuyer les manifestations dans les rues, il faut être la rue ! Mais nous saurons séparer le bon grain de l’ivraie et récolter le blé malgré toute cette confusion.
A plusieurs reprises déjà, de vastes secteurs du PT ont défendu l’importance de disposer d’un journal de masses pour mener un bon combat, mais la direction du PT a rejeté systématiquement cette proposition. Si nous voulons défendre le PT contre les calomnies de la bourgeoisie, le Parti doit commencer par disposer d’un journal qui dit la vérité au peuple brésilien. Parmi toutes les considérations critiques pointées par Lula, nous devons considérer comme la principale, le manque de décision du PT de sortir un journal de masses. Nous avons eu au gouvernement un ministre des communications qui n’a rien fait dans ce sens. Bien au contraire, il a plus défendu les medias bourgeois qu’autre chose. Et le gouvernement actuel approuve des lois qui vont contre les radios et les TV communautaires.
Comme aime à le dire Lula, aujourd’hui comme jamais auparavant on aura tant combattu la corruption. Mais nous nous demandons avec perplexité : pourquoi continue-t-elle? Tout d’abord, nous sommes à nouveau victimes des medias. Ensuite, on pourra voter autant de lois qu’on voudra, la corruption existera encore parce qu’elle fait partie intégrante des relations sociales et commerciales du capitalisme. Et nous sommes vulnérables face à ce fonctionnement à cause de l’actuel fonctionnement politique précaire du PT.
Que faire ? En premier lieu, comme le soutient Lula, le fonctionnement du Parti doit changer. Nous devons quitter les cabinets ministériels et les distributions de postes publics et aller dans les rues pour organiser le peuple. La supériorité des ordres venant des députés sur les instructions du Parti doit stopper. En réalité, le parti ne fonctionne pas. Des réunions de direction nationale ou régionale ne peuvent être confondues avec des réunions de militants du parti. Organiser les élections, ce n’est pas faire fonctionner le parti. Les militants sont oubliés, ou ne sont sollicités que pour des campagnes électorales. Les élections font certes partie de notre stratégie de pouvoir mais elles ne suffisent pas par elles-mêmes.
Construire une nouvelle société requiert beaucoup plus de capacité qu’élire des gouverneurs ou des députés. Cela requiert la participation populaire, le contrôle populaire sur les entreprises et les services publics, une vie d’idées, de culture, d’étude, de connaissance de l’économie. On se trompe en croyant que nous avons notre droit de passage pour le futur parce que nous avons réalisé des avancées sociales importantes lors des 12 dernières années de gouvernement fédéral. Tout peut s’inverser, si le parti ne fonctionne pas à partir de la base, avec les mouvements sociaux. Cette ambiance rend possible le carriérisme, le bureaucratisme et conduit à la corruption politique, qui est la pire de toutes.
Les conférences thématiques sont importantes, mais la participation ne suffit pas, il faut aussi que le peuple ait un pouvoir de contrôle et de décision sur ce qui a été délibéré. Le PT doit dire à la présidente Dilma que le gouvernement ne peut pas prendre des mesures sur le cours de l’économie ou les droits des travailleurs sans consulter les syndicats et les mouvements sociaux. Nous devons remettre en route le Décret présidentiel sur les Coptés de participation sociale, même s’il a été rejeté au Congrès national.
Manifestation du PT du 13 mars 2015
Historiquement le Parti a toujours défendu un Projet pour le Brésil. Ce projet fut l’objet d’une multitude de débats, de rencontres, de congrès, de salutaires polémiques dans les noyaux de base, dans les mouvements sociaux, syndicaux, dans les villes et les campagnes, dans les groupes religieux, les universités. Pourquoi ce fonctionnement a-t-il disparu ? Il a été remplacé par les activités parlementaires, par les fonctions ministérielles.
Nous avons conscience des importantes avancées de ces 12 dernières années, mais nous devons prendre conscience des graves fragilités de l’actuelle société brésilienne. Il y a une grande fragilité sur les problèmes de la violence, de la mobilité urbaine, de la santé, l’éducation, la réforme agraire, l’utilisation des pesticides dans la production d’aliments, sur le démantèlement de l’Amazonie et tant d’autres questions. Il faut faire un bilan national avec tous les mouvements sociaux et construire un autre Projet pour le Brésil sur la base des conquêtes déjà réalisées. Il ne s’agit pas de faire revenir le PT à ses débuts, mais d’aller de l’avant vers un progrès majeur.
Un tel mouvement devra faire face à la furie de l’élite brésilienne, et pour l’affronter il faut un changement dans le fonctionnement du parti. On n’a pas besoin de mesures bureaucratiques mais de décisions politiques. Nous allons discuter honnêtement nos problèmes dans Petrobras (la compagnie pétrolière publique), mais nous allons aussi défendre Petrobras. Nous allons discuter honnêtement la question agraire de notre pays, mais nous allons aussi critiquer les directives de Katia Abreu au ministère de l’Agriculture et nous allons proposer des modifications. Nous avons besoin de changements dans le parti et de faire les critiques nécessaires, autrement nous allons perdre plus de terrain.
Lula a ouvert la porte à ces changements dans son discours pour les 35 ans du PT. Nous sommes aux débuts d’une profonde réflexion sur le moment politique actuel et la nécessité de changements en profondeur. Les conditions historiques existent pour que le PT organise ses bases autour d’un débat sur « Un Projet pour le Brésil – un nouveau bond en avant ».
Mars 2015
Extrait du blog Revolucao Socialista – Brésil